Connect with us

Musique

Booba et Christine and the Queens, quand l’évènement devient décéption

Booba et Christine and the Queens déçoivent là où on attendait un évènement. Décryptage d’un malheureux nauffrage.

Voici maintenant plusieurs semaines que les bruits de couloir font état d’un featuring entre le rappeur le plus bankable de l’hexagone et l’une des artistes parmi les plus talentueuses qui le compose. Un évènement prometteur tant le talent de Booba et Christine and the Queens est sûr et toujours intact, à l’heure où l’originalité et les belles plumes manquent à l’appel dans le paysage musical ambient. Si les deux artistes n’ont sans doute rien perdu de leur superbe, comme des joueurs de la NBA dans un dessin animé des 90’s, ils ont avant tout perdu l’occasion de marquer les esprits. Tristesse à la rédac.

Il faut dire que l’occasion était trop belle. Deux univers totalement décalés mais pourtant si proches, un B2O salué par les lettrés et Christine en ovni réclamée par le Monde entier : rien ne laissait présager un tel rattage.

Fiasco, le mot est évidemment fort. Here – c’est le nom de cette collaboration – est audible, et très audible, et pour cause : ce n’est pas une création conçue pour l’occasion, mais une reprise de l’excellent album « Chaleur humaine » de Christine, tout aussi exceptionnel que les 11 titres qui le compose. Booba prête ici sa voix le temps d’un couplet et se fend donc d’une présence discrète qui aurait pû être grandiose.

Aurait pu. Oui. Car le Duc de Boulogne – que l’on affectionne particulièrement à la rédaction, depuis Lunatic, c’est ici important de le préciser – s’est contenté de la moyenne pour ce partiel de ténors. A tel point que l’on se demande comment une telle chose a pue être laissée faire par l’entourage des artistes, et ce que certains médias n’hésitent pas à qualifier de fiasco s’explique simplement par ce qui ne semble qu’être un manque flagrant de motivation.

Lorsqu’en 2008 Booba rencontrait Pedro Winter en marge d’une collaboration sur la Air Force 1 de Nike, il  expliquait ne pas savoir qui était son collègue d’un jour « peut être le frère d’Ophélie ? », une très bonne blague si ce n’est que cette réplique s’accompagnait plus tard d’une sortie équivalente en direction de Yuksek. Le DJ / producteur, alors au sommet de son art, produisait un remix de « Salade Tomates Oignon » en version electro, paru dans la compilation Autopsie la même année. En substance, Booba explique alors ne pas savoir qui il est, mais que sa musique, elle – sur ce titre du moins – est bonne.

Une question de fond se pose alors à l’encontre du rappeur préféré de ton rappeur préféré, fondateur de OKLM et OKLM radio dont la science musicale semble s’arrêter à l’univers urbain, rap et r&b, là où Héloïse Letissier (c’est le nom civil de Christine) assume pleinement son attrait pour Kendrick Lamar, Kanye West ou Christophe, qu’elle n’hésite pas à mélanger dans l’improbable Paradis perdus.

On comprend alors le manque d’implication du seul couplet rap de Here, lyricalement pauvre, enregistré séparément, chacun dans son coin (à l’image d’un Disiz featuring Mac Miller, et de bien d’autres duo rap, on entend clairement la différence de son entre chaque parties). A croire que la première rencontre entre les deux artistes s’est passée à Trouville, sur une Mercedes rouge. Ce fut aussi – au vue de la lecture des paroles sur son téléphone, en plein clip – la première rencontre entre Booba et son texte.

Ces deux anecdotes de façade suffisent à elles seules à traduire la déception générale.

On pourrait aussi parler de flow, de technique, ou de l’incapacité de produire un titre « neuf » entre personnes adultes et créatives, on se contentera de ce dernier plan sur la chanteuse immergée de tristesse, comme si cette mine défaite n’était pas si jouée que ca.

Inscription newsletter

NEXT TRENDS

Connect
Inscription newsletter