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Musique

Ichon pour TRENDS :  » Les rappeurs français continuent à sucer l’Amérique « 

TRENDS est allé poser ses questions à Ichon, rappeur membre de Bon Gamin. Une interview qui annonce la couleur pour la sortie imminente de son projet, #FDP.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Ichon est un rappeur membre du collectif Bon Gamin, composé du producteur Myth Syzer et du rappeur Loveni.

Porté par des productions novatrices et arrogantes, Ichon incarne cette  » nouvelle vague  » de rappeurs qui s’en branlent, consterné par le rap, par les gens et un peu par tout. Développant un style souvent sombre et perturbant, des lyrics jusqu’au flow et des prods jusqu’aux clips, Yann Ichon déclame une musique propre à son identité, intègre, faite de fulgurances, de sonorités et d’images efficaces. Son prochain EP sobrement intitulé #FDP qui devrait voir le jour durant le mois de Mai s’annonce comme un gros doigt d’honneur sous le nez du Rap Français. Pour ne rien arranger.

Pour TRENDS, Ichon réplique sans calculs ( pas comme un #FDP ) et livre une interview « Dangerous », brute et sans complaisance.

TRENDS – Ichon, peux-tu te présenter pour nos lecteurs de TRENDS ?

Ichon – Je suis Ichon, j’ai 25 ans, je viens de Montreuil et je fais du rap.

Tu formes, avec Myth Syzer et le rappeur Loveni, un collectif assez unique dans le paysage rap français, quelque chose d’ultra énergique, avec une grosse identité. Tu peux nous en dire plus sur Bon Gamin ?

I  – Je vois pas trop ce que je peux dire de plus. A vrai dire, on fait notre truc depuis toujours. On a chacun une vision assez différente les uns des autres mais c’est là qu’on se complète. C’est pas facile de travailler en groupe, alors on se laisse le temps en faisant les choses instinctivement sans jamais rien forcer. On a des tonnes et des tonnes de morceaux jamais sorti et qui ne sortiront peut être jamais.

On aime souvent parler sur TRENDS de ces rappeurs qui pratiquent un style très neuf, progressiste même. Que ce soit dans les phases, dans la sappe ou dans les sonorités, on voit l’émergence d’un rap beaucoup plus débridé et ultra créatif, souvent porté par des beatmakers à l’identité forte ( Ikaz, Myth Syzer, Astronaute.. ) et des rappeurs qui développent un langage musical encore plus puissant ( avec Joke a MTP, votre crew, ou encore O’boy )… peux tu nous parler de cet état d’esprit ?

I – C’est bien pour les gens que tu as cité, ils font leur truc peut-être. Personnellement, j’ai jamais cherché à être différent, je suis moi même du début à la fin de ma vie. Quand je parle d’une fille dans une chanson c’est que je l’ai vue la veille ou qu’elle est dans mon lit quand j’écris. Si je parle de quoi que ce soit, c’est que ça s’est passé comme je le chante. Ce sont les gens qui n’ont pas de vie qui cherchent à se ressembler entre eux. Moi j’en ai rien à foutre, je fais mon truc, je raconte ma vie, aujourd’hui c’est comme ca, demain ce sera autrement. Quand j’aurais rien à raconter j’écrirais rien.

 » Les rappeurs français continuent à sucer l’Amérique, le copinage sert toujours autant. Plus t’as d’argent, plus t’en fait. « 

Internet a permi l’essor de rappeurs qui se permettent tout, une émancipation des styles, des prods, des flows et des discours. On a vu l’émergence de choses bonnes, de choses mauvaises, quel est ton avis sur le rap Français actuellement ?

I – En vrai, pour moi, y’a rien qui a changé mis à part le fait qu’il est maintenant plus facile de polluer nos cerveaux grâce aux réseaux. Les rappeurs français continuent à sucer l’Amérique, le copinage sert toujours autant, plus t’as d’argent plus t’en fait. J’ai pas attendu internet pour écrire des chansons. Tant mieux pour ceux qui s’en sortent avec,  c’est un outil qu’il faut savoir maîtriser aujourd’hui quel que soit le domaine, je vais pas du tout cracher sur ce fait. Avec internet on nous met tous un peu dans le même panier, du coup la musique est plus difficilement appréciée.

Tes influences ?

I – Les filles, l’argent, ma mère, Myth Syzer, la pluie, la lune, le soleil, Muddy Monk, la nuit, le matin, la vie…

Tu as lâché mi-avril « Dangerous », le deuxième extrait de ton projet #FDP qui sortira courant mai. Effectivement, tout est dangereux, les textes, la prod… Le clip, c’est un énorme doigt d’honneur au rap game ? Ou un doigt d’honneur tout court ?

I – Et bien les deux.

Justement, qu’il s’agisse des rappeurs, des producteurs ou des réals, on peut dire que tu es bien entouré. Comment ça s’organise au niveau du processus créatif ?

I – Ca dépend. Mais pour Dangerous par exemple, c’est un frère de L.A, 22, qui gère la prod. Il m’envoie cette prod, je la laisse murir deux trois jours dans mon Ipod, je mets mes baskets et je vais marcher. Je me rappelle de cette fille que je voyais à l’époque, toute belle et sûre d’elle et à qui j’ai tout niqué en un coup de reins. J’étais dangereux pour elle mais on s’aimait … Il fallait un clip qui illustre tout ça. J’en ai parlé avec mon amie Ylva Falk. Ensemble, on a eu cette idée de scénario que j’ai raconté à mon pote Julot Bandit qui à monté une équipe pour réaliser ce clip de #FDP.

Au-delà du flow et des exercices de style, il y a aussi un discours qui parle évidemment à la jeunesse d’aujourd’hui. Des textes révoltés, une énergie communicative, comme dans « Souvenir Souvenir ». Ton projet #FDP, c’est aussi pour qu’ils se souviennent d’Ichon ?

I – Bien sûr j’aimerais bien qu’on se souvienne de moi. Mais je sais bien que c’est pas avec juste un projet que ce sera le cas. Comme je disais, aujourd’hui internet est fait de telle sorte que si tu fais rien pendant ne serait-ce qu’ 1 mois tu n’existes plus. J’aurais préféré qu’on se souvienne de moi avec Cyclique ( ndlr : son premier EP sorti en octobre 2014 )  mais dans ce monde de #FDP il faut être un #FDP,  alors on va voir maintenant :).

TRENDS est un magazine qui parle de street culture, de sappes, d’art et de lifestyle, surtout. Il est comment le tien, de lifestyle ? Une nouveauté mode qui a retenu ton attention ?

I – Je me réveille accompagné la plupart du temps. Il est 8h, je vais prendre des croissants. Soit je la laisse dormir auquel cas je reste en bas sur ma terrasse (si il fait bon) soit on prend le petit déjeuner au lit. Je prend ma douche avec elle si elle est cool, pour bien commencer ma journée, et je vais à l’atelier préparer une surprise qui arrivera avec mon projet…

J’en sors vers 18h si j’ai pas de rendez-vous avant, je vais en montage pour un clip, en shooting pour une marque, ou boire une biere avec une copine ou un frangin. J’ai faim, alors on va diner, on y reste 2 ou 3h, on double et je vais dormir avec une copine, ou je rentre enregistrer une maquette chez moi un peu saoul et heureux. A vrai dire, j’en sais rien je fais presque jamais la meme chose mais ces derniers jours c’est comme ça que ça se passe. Franchement, j’aimerais bien vous parler nouveauté mode mais je ne suis rien du tout, je ne suis pas du tout un fan de mode ni même de musique alors que je pratique les deux. J’ai un fréro qui a une boutique qui s’appelle A Au Carré au 15 rue Beauregard, 75002 Paris et où je trouve pas mal de truc sympas. Sinon y’a Nïuku aussi que j’aime beaucoup qui se trouve au 10 rue de la Paix 75002.

Dans « Marche où crève », ton premier extrait balancé mi-mars, le message est clair : « je prend mon biff, et je me taille. » Tu te vois où dans 10 ans ?

I – Putain dans 10 ans j’ai 35 ans, c’est horrible ! Je suis vieux, je bave et je suis à la retraite ( rires ). En vrai dans 10 ans, si je suis un bon #FDP j’ai ma femme T****I, on vit à Ourika au Maroc, elle est enceinte du deuxième et on s’aime comme dans les films où ils finissent ensemble. On fait pas mal de voyages, et forcément je suis obligé de venir à Paris tous les deux mois pour prendre mon biff et me tailler, mais on préfère rester à la maison faire à manger et chanter des chansons. On a un studio avec tout ce qu’il faut à la cave, et un atelier tout autant fourni. On à le sourire et la joie de vivre loin de toutes ces conneries et nos amis adorent venir nous rendre visite.

Parfois Paris me manque mais quand je regarde le ventre de ma femme, j’oublie cette interview et cette chanson « Marche ou Crève » parce que tout roule.

On doit s’attendre à quoi avec #FDP ?

I – En vrai, c’est un pont entre mon ancien projet Cyclique et celui qui vient derrière #FDP. Histoire que ce soit vraiment cyclique et que je pose mes marques dans cette pute.

Des projets, des concerts à venir en solo ou avec Bon Gamin ?

I – Ouais, plein de trucs !

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2016 ?

I – Que 2017 soit meilleur et que je devienne ce que je dois devenir.

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