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Les femmes du rap : une histoire de sexe ?

Musique

Les Femmes du RAP : une affaire de sexe(s) ?

Et si les femmes du rap, n’était au final qu’un moyen de parler (un peu) des inégalités due aux sexe ? TP vous parle un peu de l’univers sexiste du rap !

Le Rap Dirty South ou le hip hop du sud s’est constitué comme une réponse au rap East et West coast. Popularisé vers le milieu des années 90, c’est un genre très dansant utilisant à foison boîte à rythmes et ligne de basses épaisses. Parmi ses champions on compte des artistes tels que Ludacris, Chamillionaire ou encore Petey Pablo. Dans la foulée, un grand nombre d’artistes féminines embrassent ce style musical et s’élance dans un algorithme putassier mêlant flow véloce et sexualité. De nombreuses rappeuses adoptent cette méthode, sans nécessairement venir du sud et construisent leur carrière en s’appropriant des codes définis par leur pendant masculins et évoluant autour du sexe et la sexualité.

Comme nous l’avons évoqué à de nombreuses reprises, le hip hop s’avère être un milieu ultra concurrentiel et réduisant la féminité à une expression du consumérisme, au même titre que les chaînes en or et les gros cylindrés. Sans surprises, il est difficile pour une femme de se ménager une place au soleil, autrement qu’en s’accaparant les mêmes codes. Le phénomène est alors détourné afin de placer la rappeuse au sommet d’une pyramide de sexe et de pouvoir. (Voir aussi Money, power & Respect de The Lox, feat. Lil’Kim) En résulte un étrange phénomène menant à la fois à une hyper sexualisation de la femme et à une désexualisation passive de l’artiste.

Parlons de sexe / Let’s talk about sex

(L’hyper sexualisation ou quand les rappeuses fondent leur carrière sur leur genre)

Trina : Da Baddest Bitch

Originaire de Miami, Trina fait partie de la vague Dirty South, qu’elle embrasse à 100% en suivant son mentor Trick Daddy. En 2000, elle produit un succès national avec l’album Da Baddest Bitch, sur lequel elle introduit un flow empruntant un staccato similaire à celui de Ludacris (avec lequel elle pose le feat. B R Right). Ses titres exposent une sexualité débridée au point d’en être caricaturale : position lascive et mots provocants deviennent son fonds de commerce et lui permettent d’exister artistiquement aux côtés de rappeurs très côtés.

Shawnna : What’s Your Fantasy ?

Si Shawnna, comme beaucoup d’autre rappeuse, s’allie à Ludacris, c’est pour signé une collaboration presque légendaire avec le titre What’s Your Fantasy, sur lequel elle fait état de ses attentes sexuelles. Pour autant, Shawnna utilise également des codes la reliant aux rues de sa cité natale, Chicago. Néanmoins, sa sexualité reste un terrain sur lequel elle sait être prolixe, comme le réaffirme son titre équivoque SEX, sorti en 2013.

Azealia Banks : la trinité sex-buzz-provoque

De son côté, Azealia Banks construit sa carrière sur des sonorités polyphoniques, juxtaposant l’électronique et le hip hop dans un tout pensé pour faire suer les clubs. En même temps, la jeune artiste accumule les buzz, bons ou mauvais, afin de concentrer l’attention du public et des médias sur chacune de ses sorties. Intolérance et crise d’existentialisme cohabitent sur le même feed Twitter et finissent souvent par éclipser les paroles provocantes et sexy qui constituaient son fonds de commerce primaire.

From The Hood

(Ou comment certaines rappeuses ne jouent pas le jeu de l’hyper sexualisation )

MS. Jade

Issue de l’écurie Timbaland/Missy Elliott, cette native de Philadelphie n’a eu le temps de produire qu’un seul album clairement calibré pour agrémenter les soirées dansantes. Provocante, mais pas trop, Jade exploite plus facilement les codes issue de la rue que les codes du rap sexualisé. Et lorsqu’elle parle d’amour et de relation, la rappeuse ne s’attarde pas sur ses pratiques sexuelles, à l’exception de son featuring avec Tweet : Sexual Healing Part II. Reconnue par une partie de la profession, mais largement ignorée du grand public, Jade n’a jamais eu la chance de capitaliser sur ses collaborations avec des grands noms tels que Missy Elliott et Timbaland (évidemment) mais également Nelly Furtado ou Jay Z. De là à se demander si le manque de sexualisation de ses paroles l’aurait précipité dans l’oubli, il n y a qu’un pas.

The Lady Of Rage

Inconnue ou presque du grand public de l’hexagone, cette rappeuse fut l’une des signatures les plus importantes de Death Row, aux côtés de Dre et Snoop Dog. Malgré la chute de Death Row avec la disparition de 2Pac et l’emprisonnement de Suge Knight, son opus Necessary Roughness place The Lady Of Rage sur la liste des MC à connaitre. Elle livre à la postérité son combat pour sortir un album et se tailler une place considérable dans l’univers du hip hop à grands coups de rimes vicieuses. A l’époque ou le Gangsta Rap régnait en maître, elle avait su s’imposer avec éclat, tout en capitalisant sur des attributs, finalement très masculins.

EVE

Tout comme Rah Digga, Eve est d’abords une artiste féminine évoluant dans un label entièrement masculin, lui valant le surnom de Ruff Ryder’s First Lady. Même si l’artiste a très vite flirté du côté de la pop et mis en place des refrains ultra addictif, elle utilise facilement des codes de gangsta rap, sans s’y soumettre à 100%. Et même si Eve met de plus en plus en avant sa silhouette, ses propos ne versent que très peu dans la sexualité, lui permettant de surnager au-dessus des codes réduisant la féminité à un apparat pour rappeur en manque de sexe. Son dernier opus, Lip Lock  renoue même avec un hip hop plus affirmé et moins grand public que de par son passée, en faisant appel à des productions épaisses, surpiquées par des rythmes Trap.

Que ce soit avec une vision sexualisée ou non, le hip hop pratiqué par les femmes n’est en réalité pas si écarté de l’univers de la musique pop en général : les codes, les clichés et l’industrie sont autant de causes conduisant le second sexe à s’imposer soit en mimant les hommes, soit en adoptant leur façon de concevoir la féminité.

Fort heureusement, le monde n’étant pas un instantané monochrome, de nombreux artistes du hip hop s’attardent aujourd’hui à défier les codes. Ils offrent au rap une cure de jouvence rafraichissante et éloignée des clichés qui accompagnent le milieu depuis ses commencements. Après notre aventure auprès des Femmes du Rap, Trends Periodical s’attaquera au hip hop issu des marges.

Retrouvez les autres femmes du rap sur Trends Periodical :

Queen Latifah

Missy Elliott

MC Lyte

Lil’Kim

Rah Digga

M.I.A

 

 

 

 

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