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Musique

Interview de Voyou pour TRENDS : « Je n’écris jamais dans le but de plaire, ou de ne pas plaire »

Ne vous fiez pas à son nom de scène. Derrière lui, Thibault Vanhooland, aime à incarner un jeune chanteur fougueux et fantaisiste.

Ne vous fiez pas à son nom de scène. Derrière lui, Thibault Vanhooland ancien bassiste pour Elephanz et Pegase, aime à incarner un jeune chanteur fougueux et fantaisiste. Avec son premier album « Les bruits de la ville »Voyou fait revivre la pop française à travers un style enjoué, qui nous transporte au grès des ses émotions, ses voyages et ses inspirations. Une découverte musicale et humaine à laquelle Trends vous propose de goûter, le temps d’une interview.

 

TRENDS : Les adjectifs « candide » et « naïf » reviennent souvent à propos de ta musique. Qu’est ce que tu en dis ?

Voyou : Je pense que ça vient du fait que je me positionne souvent dans un regard d’enfant, car on ne leur en veut jamais de ce qu’ils disent. Ils observent les choses sans émettre de jugement de valeur, et à mon sens ça vient surtout de là.

Il y a quand même une sorte de mélancolie, surtout dans les paroles. Par exemple dans Seul Sur Ton Tandem…

Oui, ce morceau parle de choses assez tristes finalement. Mais je garde toujours en tête cette idée de ne pas laisser tout ça en plan, de se donner les clés pour transformer cette tristesse en mélancolie heureuse, sans se laisser plomber.

Cette ambiance, cette façon de voir les choses, tu y as réfléchi ou ça t’est venu inconsciemment ? 

Non, je n’y ai pas réfléchi, je suppose que ça vient du fait que je suis assez heureux dans ma vie, et que je vois les choses comme ça ! Je n’écris jamais dans le but de plaire, ou de ne pas plaire, et tout est finalement assez raccord avec mon discours, ma façon d’être au-delà de Voyou.

Quel est ton processus d’écriture, en général ? 

Chaque morceau se fait un peu différemment, mais je commence généralement toujours par la prod, ensuite je l’écoute et je pense aux décors qu’elle m’inspire. Puis le texte m’inspire des arrangements, qui vont apporter des détails aux décors, aux personnages de l’histoire.

Tu étais en groupe, auparavant. Comment s’est passé la transition en artiste solo ?

 J’ai fait des tournées avec des groupes pendant une dizaine d’années, et je sortais d’une expérience un peu douloureuse avec Rhum For Pauline. Notre album n’a pas marché, des dates de tournée ont été annulées, et on se battait tout le temps en studio, à cérébraliser notre musique. C’étaient tous des super musiciens et tout le monde avait son point de vue sur ce qu’il fallait faire etc… Donc le groupe a fini par s’arrêter, au même moment que d’autres projets. Je suis parti au Canada et le projet est né de lui-même, assez naturellement. Et en composant en solo, j’ai fini par retrouver un peu cette liberté qui me manquait dans la musique.

Et sur la route, tout seul, ça se passe bien ? 

J’ai été tout seul avant, mais sur les dates qui arrivent, il y aura des gens avec moi ! A part ça oui, j’ai franchement adoré. Quand tu es en groupe tu as ce truc de colo, entre potes. C’est chouette mais c’est dangereux, parce que tu finis toujours par faire la fête, et ça tue un peu ta production, tes concerts sont moins bons. Là, je ne voulais pas me foirer sur ce projet, vu c’est la première fois que je suis en solo. Enfin, j’ai quand même hâte de repartir en groupe, histoire de revivre un peu cette sensation de bande. Ah, un truc qui m’a vachement marqué aussi, c’est que quand tu sors de scène, en tant qu’artiste solo tu ne peux partager avec personne ce que tu viens de vivre. Et ça me plait de retrouver ce truc là.

 Tu as choisi Les Bruits de la Ville, qui est un duo avec Yelle, en titre d’album. Pourquoi ?

 Ça n’a rien à voir avec le fait que le morceau soit sorti avant, ni avec le fait que ce soit un featuring. Simplement, je trouve que c’était les mots qui résumaient le mieux le contenu de l’album. Ce dernier parle beaucoup de ça en fait, des décors, des images, des sons que m’ont inspiré les villes dans lesquelles je suis passé. Je pense que tu visualises directement Paris, mais il n’y a pas que ça, ça peut être aussi Dunkerque, ou autre… En tous les cas, les villes sont très personnifiées dans mes morceaux, j’en parle beaucoup, parce que j’y vis depuis que je suis petit.

Et justement, pourquoi avoir choisi Yelle pour ce featuring ?

 J’ai un peu bossé avec elle à un moment. J’ai passé trois jours là où elle habite, en Bretagne, pour faire la musique avec elle et Grand Marnier, son copain. Puis je me suis isolé dans le Pays Basque et ce morceau est sorti. Je ne voulais pas spécialement faire un featuring mais je crois qu’un truc de nos sessions est resté dans ce morceau. Sans trop savoir pourquoi, j’ai directement visualisé sa voix dessus ; et quand ils l’ont entendu, ça été pareil de leur coté. Ça s’est fait très naturellement.

Il y a quelque chose qui ressort vachement de ton album, c’est la trompette… C’est un instrument un peu incongru, qui ajoute une vraie couleur à l’ensemble.

 Ouais (rires). On a tout de suite tendance à penser que la trompette se rattache au ska, au reggae ou à la soul, des trucs comme ça. En tout cas on ne l’assimile pas, ou plus à la pop. C’est un truc qui s’est perdu mais de mon coté, j’ai commencé à en jouer quand j’étais tout petit. Mon père en faisait et ça a donc vraiment fait partie de mon décorum auditif. Ce sont des sonorités auxquelles je tiens, qui sont plus faciles à utiliser pour évoquer des choses que je connais.

Une autre part importante de ton travail, ce sont les clips. Ils sont réalisés par Vincent Castant, tu peux me parler de cette rencontre ? 

C’est un vieux pote, Vincent, je le connais depuis six ans. On s’est rencontrés au Pays Basque alors que j’étais en vacances chez un ami. Tout ce qu’il fait, y compris ses BD, est ultra-créatif ; et j’aime beaucoup son coté un peu do it yourself, du style : « on a pas les moyens de faire ce quon veut, mais on va quand même se démerder pour faire quelque chose de beau ». Outre ça, je crois que c’est une des personnes avec lesquelles je rigole le plus. On lui avait déjà proposé de faire nos clips avec un ancien groupe, il a direct refusé en me disant qu’il n’aimait pas la musique (sourire). Donc quand je lui ai envoyé Seul Sur Ton Tandem, je ne m’attendais à rien mais il a accepté et ça s’est fait. Je lui fais assez confiance pour le laisser libre et visuellement je trouve que ce qu’il fait est archi intéressant, et ultra intime aussi, sans savoir trop pourquoi. Bon, le clip des Bruits de la Ville est un peu phallique avec les immeubles etc (rires), mais il est vraiment très cool.

Tu as signé chez le label Entreprise. Comme tu es assez proche de Grand Blanc et Fishbach, c’était une évidence pour toi ? 

Oui, je connais quelques groupes qui viennent du label depuis un bon bout de temps. Fishbach, je la connaissais juste de vue mais Bagarre, par exemple, je les avais déjà croisés sur la route. En tout cas oui, ça un peu été une évidence parce que j’ai eu pas mal de propositions avec le projet, vu que c’était de la pop, de surcroît chantée en français. Mais je trouve ça super fort ce qu’ils font. Le premier clip que j’ai vu qui provenait de ce label, c’était Moodoïd, et il y avait ce logo qui arrivait directement avant la vidéo. C’est assez dingue qu’un label impose sa marque comme ça, qu’il montre à ce point qu’il est fier de défendre ses artistes. Et évidemment, ça m’a beaucoup plu. 

Tous leurs artistes ont une super belle image. Est-ce que c’est important pour toi ?

 Oui, mais un peu grâce à eux aussi. J’ai toujours su que c’était important mais je ne suis pas le meilleur quand il s‘agit de se saper, de poster des trucs sur les réseaux, ce genre de choses. Ils m’ont poussé à m’y mettre parce que maintenant, beaucoup de gens aiment avant tout l’image d’un artiste, parfois au détriment de sa musique. Il faut un bel emballage pour que chacun ait envie de découvrir ce qu’il y a derrière. Du coup j’essaie de me plier et ça et de me prendre au jeu. C’est pas forcément facile mais c’est je leur fais confiance, et ça me sort de ma zone de confort !

Tu vas faire la Cigale, bientôt. C’est super cool de faire ça en tête d’affiche. Comment tu t’y prépares ?

 Déjà, je me prépare aussi pour la tournée. Mais oui, c’est fou, et c’est un peu la date que j’ai en tête, forcément. J’y ai joué deux fois et ça m’avait laissé une impression super forte, il y a une sorte de chaleur, d’énergie qui est assez palpable. Et j’ai vraiment hâte d’y être.

L’album va sonner comment en live ? Tu vas l’adapter un peu ? 

Je compose pas mal en pensant aux concerts donc ça ressemblera un peu aux versions studio. Mais oui, je vais changer les morceaux ; d’autant plus qu’il y aura des musiciens avec moi. J’aurai des choristes, aussi. C’était important pour moi, parce que ma musique repose pas mal sur des chœurs, et que ces derniers provenaient des bandes pré-enregistrées, avant. Enfin, je te dis ça mais les répets’ ne commencent que la semaine prochaine donc je ne sais pas encore ce qu’il en sera (rires).

 

Propos recueillis par Xavier Ridel

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