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Musique

Alpha Wann pour TRENDS : « La Yeezy je l’aime bien, mais je trouve qu’elle ressemble à une Nike ! »

Alpha Wann nous parle de son nouvel EP, Alph Lauren 2, sorti récemment. Il explique aussi ses influences dans le rap, et se confie.

Alpha Wann, membre de 1995 et de L’Entourage, revient avec la suite de la story Alph Lauren. Dans Alph Lauren 2, il apporte sa touche et ses textes dont lui seul à le secret : un son jazzy qui détonne dans l’environnement hip hop en France, en attendant son album à venir.

Alph’ Wann a discuté quelques minutes avec TRENDS, le temps de faire un tour d’horizon de ses ambitions, ses influences, et sa passion pour les sneakers. C’est parti.

Peux tu commencer par te présenter ?

Je m’appelle Alpha Wann, je fais du rap depuis presque 10 ans, je fais parie du collectif 1995, L’Entourage, et j’ai monté un label avec un des membres de 1995 qui s’appelle DJ Lo’, et ce label s’appelle Don Dada Production.

Tu as sorti un EP le 15 janvier et tu prépares une grosse tournée avec notamment une date le 20 avril à la Gaïté Lyrique. Quelle est l’histoire derrière Alph Lauren 2 ?

Il y a deux ans j’ai sorti le premier volume de ma story Alph Lauren, je me sentais pas encore prêt et surtout, comme j’avais sorti pas mal de projets avec mes différents collectifs, je voulais vraiment que les gens captent mon univers avant de sortir un album. Alors je me suis dit que j’allais faire Alph Lauren Vol. 2.

Tu as été repéré dans Rap Contenders puis dans 1995, ca a été un succès énormissime avec plusieurs albums, des tournées non-stop, a une époque ou le rap français manquait de facettes vous avez apporté un vrai renouveau. Qu’est ce que tu retiens de cette période ?

Beaucoup d’erreurs ! Parce que je suis quelqu’un de très critique, je ne vois que du négatif, je préfère ne pas parler du positif et me concentrer sur le négatif pour l’améliorer. Je plaisante quand je dis beaucoup d’erreurs parce qu’on a surtout bien kiffé ! On est même allé en Hongrie, on a exploré l’espace francophone a fond, que se soit le Québec, France, Suisse, Belgique, on a vraiment kiffé, c’était une belle expérience.

Et les erreurs alors, c’était quoi ?

C’était dans les stratégies qu’on a pu faire, après on était jeune, naïfs, et on était encore assez bêtes pour écouter les gens …

Depuis ta musique a vraiment évoluée, maintenant avec DJ Lo’ vous avez des prods super sophistiquées, presque Jazzy qui rappelle un peu le rap new yorkais, loin des prods du moment qui son plus « bourrin ». Pourquoi cette direction artistique ? C’était une vraie volonté de faire une « Alpha Wann touch » ?

Je vais pas te dire que j’ai toujours été quelqu’un de différent ou un paria mais j’ai toujours vu ou fait les choses différemment par rapport à mes amis ou ma famille … Quand j’ai évolué dans un groupe j’étais toujours celui qui faisait les choses différemment. J’écoute du rap depuis très, très longtemps, ca m’a donné une « énorme » connaissance sur le rap, donc j’ai pas envie de faire pareil que les autres. J’apprécie ce que font les gens en général dans le rap us ou fr, mais j’ai pas envie de me retrouver chez les autres. Je parle pour moi même, j’ai un cerveau donc j’estime que je dois moi même apporter mes idées donc avec DJ Lo’ on travaille sur la manière de faire les choses différemment sans pour autant faire de l’original nul.

Justement, comment tu choisis ces prods ?

Bizarrement c’est au coup de coeur, il m’en fait écouter plein, je reçois j’écoute, et soit je tombe directement amoureux de la prod, soit je l’écoute un peu pendant quelques semaines, et si elle me plait je l’utilise.

Raconte un peu ton processus de création. T’es plutôt un mec qui va tout faire spontanément ou tu vas buguer et réfléchir sur chaque phase, chaque clap, chaque synthé à la manière d’un ricain ?

C’est un travail de longue haleine, toujours.

Et tes influences dans tout ca ?

Mes influences ? Jay Z, Nas, Rakim, Big Dady Kane, Kool G Rap … après j’suis un grand fan de la west coast, Snoop, Dr Dre, j’aime beaucoup 36 mafia à Memphis, Rick Ross à Miami … Vraiment je suis un amoureux du rap avant tout. Rap français aussi à fond, Time Bomb, Hifi, Secteur Ä, j’ai bouffé énormément de rap !

Si demain on te donne les clefs, tu fais revivre ceux qui sont mort, tu choisis ceux qui sont vivant, pour faire un album, tu prends qui ?

2 Pac, il a inspiré tellement de gens que je pense qu’il m’inspirerait beaucoup. Donc je ferais revivre 2 Pac… Ou Big L tiens !

On parlait souvent a une époque d’une ressemblance de flow avec Big L …

Bah j’était un grand fan et je pense que ca m’a beaucoup influencé de manière naturelle. J’pense que j’étais tellement fan – comme avec Dany Dan – que instinctivement j’suis parti dans les trucs de ce style là. Et puis même il y a la voix qui rentre en compte et comme j’ai une voix aiguë je pouvais pas faire des trucs à la DMX.

Que penses tu de l’état du rap actuel aux US et en France ? Il y a énormément d’artistes, énormément de « courants » …

Pour moi il y a du positif dans le négatif et du négatif dans le positif. Le positif c’est que la palette est vraiment large, mais le négatif c’est qu’il y a beaucoup de clones de clones de clones de clones … Beaucoup de clonage.

Ton ep a un contenu très riche, textuellement notamment. Tu as une vision très réfléchie des choses, entre lutte des classes, camaraderies et discours ambitieux. C’est quoi la finalité d’une carrière d’Alpha Wann ?

Avant mon moteur c’état juste la passion et après avec le temps je me suis dit « si tu as la chance d’être écouté tu dois écrire des choses sensées sinon tu participes à l’abrutissement du peuple ». Après, je me prend pas non plus pour un révolutionnaire ou un penseur, ou même un philosophe, mais si tu as la chance d’être écouté tu as un peu de responsabilité quand même donc tu peux pas te permettre de raconter du bullshit 100% du temps. C’est la particularité du rap français, la plume est plus importante dans le rap français que dans le rap américain qui est plus « divertissement ». Le rap français est de plus en plus axé sur le divertissement lui aussi, mais dans les années 90 en France, même les mauvais rappeurs avaient un discours, un propos, presque une position. Il se trouve que je suis un grand fan de rap français et je trouve que c’est sa particularité par rapport au rap US. Il y a des américains qui ont des plumes attention, mais en France dans les 90’s les mauvais et les forts avaient une plume.

Et qu’est ce qui fait qu’il n’y a plus de plume maintenant ?

N’importe quelle chose sur Terre où il y a trop d’argent dedans deviens corrompu malheureusement, au bout d’un moment. Je peux kiffer le rap corrompu ! Mais quand il y a trop d’argent ca devient n’importe quoi, comme le foot. Il y a des gens qui n’ont rien a voir qui viennent graviter et à tenir les rennes, et après ca n’a plus de sens. Le rap a perdu son authenticité il y a longtemps. Moi j’essaye de faire un pont entre ceux qui ne font que du conscient, que du divertissement, etc …

Dans les médias, malgré tous les leviers, il y a moins de place pour le rap plus écrit …

C’est plus dur de faire du rap réfléchit, il y a pas énormément de gens qui font du rap réfléchit. Et puis le système est comme ca : on fait venir plus de gens bêtes parce que sinon la révolution devient télévisée et je ne pense pas que se soit ce qu’ils cherche.

Tu as des projets après cet EP ? En Solo ou collectif ?

Ouais ! Un album 1995, un album L’Entourage, et mon premier album solo.

Tu dis  « la figure c’est le reflet de l’âme ». Tu dis aussi « A vouloir trop de briller on oublie la prière ». On sent une grosse réflexion sur toi même, ta vie passée et celle à venir. Tu en es où pour le moment par rapport à tout ca ?

Je prend de l’âge, je me délaisse de plus en plus de certains trucs bêtes .. Les trucs que je kiffais vraiment, les vêtements, les chaussure, je commence a m’en défaire pour des choses plus importantes.

On nous a dit que tu es un dingue de sneakers. Ta référence ultime en matière de sneakers, c’est quoi ?

Je l’étais, surtout au lycée, parce que j’étais un peu seul sur ma planète sneakers, mais maintenant que c’est devenu un délire qu’on partage tous, j’suis plus autant intéressé qu’avant …

C’était quoi ta référence ultime à l’époque ?

Aujourd’hui ca serait la Air Max ST, un modèle que j’ai en tout noir avec un empiècement un peu éléphant, un modèle incroyable ! Mais aujourd’hui je fais moins attention, je peux porter du Saucony, du New Balance … Mais ma référence de l’époque, c’était avant que tout le monde se mette dedans, c’était la Jordan V. Après c’était une overdose, c’est devenu commun et ca m’intéressait plus. Après je m’en fout que les gens portent tous des baskets, mais je suis passé à autre chose.

Tu dis dans « Sous marin » « Jsuis pas un de ces renois qui se prend pour Kanye ou Drake », qu’est ce que tu pense de l’engouement et du marketing autour de la Yeezy ? Et du sneakers business en général ?

La Yeezy je l’aime bien, mais je trouve qu’elle ressemble à une Nike ! Autant porter une Nike. Je l’aime bien mais je trouve qu’elle ressemble à une Rush Run. Sinon, le rap est plus populaire qu’avant, tout le monde veut être habillé comme un rappeur, parler comme un rappeur … Du coup le business des baskets fonctionne mieux. Je trouve qu’il y a trop de collaborations, trop de ci, trop de ca … Moi je portais des baskets parce que quand j’étais petit, je kiffais ca, tu vois ? Maintenant les gens ont un complexe de « s’ils ont pas de baskets ils ont l’impression d’être moins valorisé. Je trainais avec plein de mecs qui en avaient rien à foutre et ca restait quand même mes amis, et ils n’avaient pas de mal être. Maintenant les gens se sentent obligés d’avoir des baskets alors que c’est même pas leur kiff des fois … Après c’est comme tout, quand dans un business il y a trop d’argent, ca devient n’importe quoi.

Un coup de coeur dans les paires récemment sorties ?

J’aimais bien les Yeezy de chez Nike, rouges, parce que je les ai pas eue ! Moi j’aime bien les choses que je n’ai pas. Quand je les ai après je me lasse. Les Pusha T adidas, les EQT faites avec Pusha T, en peau de lézard. Incroyables !

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour 2016 ?

Plein de dates, ainsi qu’un album solo qui arrive vite, et un deuxième album de 1995.

 

Interview réalisée par Etienne et Jean-Baptiste Quesnay

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