Co-signée par Drake et Jorja Smith, qu’elle a d’ailleurs accompagnée lors de sa tournée américaine, Ama Lou est bien partie pour devenir la nouvelle sensation R’n’b. Elle a sorti cette année “DDD” ( Dawn, Day and Dusk), superbe EP en trois partie accompagné d’un clip de 13 minutes qu’elle a elle-même réalisé.
Intense, politisée, mais libre
Originaire du nord de Londres, la jeune femme de 20 ans se lance en 2016 avec TBC (to be continued), EP engagé contre les violences policières que subit la communauté afro-américaine. Elle y dénonce notamment le meurtre d’Eric Gardner, étouffé par la police new-yorkaise lors d’une interpellation en 2014 (les paroles “I can’t, I can’t, I can’t breathe” sont les derniers mots de la victime, que l’on entend sur la vidéo de l’arrestation). Le titre est immédiatement repéré par Drake, qui en reprendra des extraits sur Instagram. Il la citera d’ailleurs un peu plus tard comme l’une des artistes l’ayant le plus influencé pendant l’enregistrement de l’album Scorpion. Toujours en 2016, elle enchaîne avec le titre “Not always” qui traite des questions de genre. Elle y aborde notamment les problèmes d’anxiété, le manque de confiance en soi, lorsqu’on ne se reconnaît pas dans les modèles que la société propose. “Savoir qui l’on est a un rapport direct avec ce que le monde nous envoie comme définition de ‘genre’ et de ‘conformité’, toutes ces zones grises ne sont pas souvent abordées et je voulais vraiment faire passer le message, dire ‘l’essentiel c’est d’être à l’aise dans son corps et dans sa tête’ “.
Sa formation classique – Ama Lou commence la musique à 8 ans – lui a appris l’importance de la mélodie, notamment lorsque le message de la chanson est puissant. Elle arrive ainsi à équilibrer habilement r’n’b et thèmes politiques ou sociaux. Pour autant, Ama Lou ne souhaite pas qu’on lui colle l’étiquette de chanteuse à message : “Je n’ai pas de limites, pas vraiment de règles. Je me fiche de ce que les gens pensent ou attendent. Mes deux premiers titres étaient politiques et la presse a beaucoup parlé du fait que je sois une artiste engagée mais maintenant je veux pouvoir faire autre chose. Ces messages font bien entendu toujours partie de moi et de ce que je fais, mais je ne veux pas m’y cantonner” confiait-elle au site Complex.
2018, l’année d’Ama Lou
Lorsque “DDD” sort, le 28 mars dernier, Ama Lou s’est déjà fait un nom sur la scène londonienne et commence à faire parler d’elle outre-Atlantique. Le prestigieux Billboard Magazine annonce l’EP, invitant au passage ses lecteurs à la suivre de près. Le succès de “DDD” se confirme lorsque Jorja Smith l’invite à l’accompagner lors de sa tournée nord-américaine au printemps. Celle qui n’avait jusque là quasiment jamais fait de live s’impose sur scène; les critiques sont sans équivoque. En parallèle, elle réalise le clip avec sa soeur Mahlia John (qui avait déjà travaillé sur “Not always”) , tourné dans le désert californien.
Envoûtante et badass dans “DDD”
La saga de 13 minutes, Ama Lou ne la visualise pas tout de suite pour les trois titres de “DDD”. C’est les travaillant séparément qu’elle se rend compte que les deux projets dialoguent et se correspondent parfaitement.
Outre sa voix exceptionnelle, le clip est une claque esthétique. Sa soeur, qui a également dirigé la vidéo de «TBC» et celle de “Not Always”, dirige tous les aspects visuels du projet.
Le triptyque représente les moments clés de la journée : l’aube, la journée et le crépuscule. «C’est la chose la plus étrange sur laquelle j’ai jamais travaillé. C’est moi. C’est un personnage de fiction. C’est une pièce conceptuelle.» On la suit ainsi à Los Angeles, d’abord perdue dans le désert puis se promenant dans la ville au volant d’une Mustang, traînant avec une bande de lascars… Réussite totale, ce projet confirme le talent de la jeune femme.
Ama Lou prépare actuellement son premier album et sera en concert le 24 octobre au Pop-Up du Label à Paris.
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Article rédigé par Leila Chik
