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Angèle en interview pour TRENDS, lol et pop

En l’espace d’un an, Angèle aura réussi le tour de force de sortir de l’anonymat pour se placer comme l’un des plus gros espoirs de la pop francophone. Un nouveau statut aussi soudain qu’immodéré qui aurait pu faire déjouer la belge.

Un murmure, d’abord. Paraîtrait-il qu’une jeune chanteuse bruxelloise bourrée de talent pourrait bientôt faire grand bruit. La révélation ensuite, sur les scènes de Damso et Ibeyi. Le raz de marée finalement, à la sortie de son premier single La Loi de Murphy. En l’espace d’un an, Angèle aura réussi le tour de force de sortir de l’anonymat pour se placer comme l’un des plus gros espoirs de la pop francophone. Un nouveau statut aussi soudain qu’immodéré qui aurait pu faire déjouer la belge.

Mais la tête bien vissée entre les deux épaules, armée de ses deux morceaux, dont le très récent Je veux tes yeux, et d’une pléiade de reprises diffusées sur son compte Instagram (qui rassemble autant pour sa belle voix que son humour potache ou ses danses chaloupées), Angèle entend bien prouver à tout le monde qu’elle est bien plus qu’un joli flirt de fin d’été (ou ici, d’hiver). Partie pour durer ?

Peux-tu nous en dire plus sur ton nouveau morceau : Je veux tes yeux ?

C’est une chanson entièrement en français, qui est plus sentimentale que La Loi de Murphy, et dont le clip est aussi réalisé par Charlotte Abramow (déjà réalisatrice de La Loi de Murphy, ndlr). Je fais la direction artistique, mais c’est quelqu’un qui l’a complètement comprise et qui m’aide beaucoup à ce niveau, en apportant elle-même beaucoup d’idées. C’est très important pour moi de l’avoir à mes côtés puisque je n’ai encore rencontré personne d’autre qui comprend à ce point où j’ai envie d’aller, et qui a autant d’idées brillantes.

Va-t-elle également t’accompagner dans tes futurs projets ?

J’ai parfois aussi envie de voir ce que ça pourrait donner avec d’autres personnes, et comment pourraient fonctionner mes idées avec celles de quelqu’un d’autre. Mais Charlotte restera toujours quelqu’un qui fera partie intégrante du projet parce qu’elle y a cru et elle a joué le jeu dès le début, alors qu’il y avait zéro moyen.

De tous les morceaux que tu avais et qu’on a pu entendre sur scène, tu as choisi de sortir La Loi de Murphy comme premier titre.

Je trouvais que c’était le plus représentatif du projet, comme je faisais véritablement mon entrée dans le monde de la musique. C’est une chanson que j’aime beaucoup, je sentais que c’était celle qu’il me fallait. Et puis c’est aussi la première que j’ai écrite, donc ça me paraissait logique.

C’est aussi un morceau qui synthétise bien tes différents univers, et qui a permis de présenter l’étendu de ta palette.

Oui exactement. Il y a le truc avec le piano, le côté un peu electro, le côté pop, le français et l’anglais, le texte parlé et le texte chanté…

Pour revenir à ce choix de chanter à la fois en anglais et en français, c’est un pari souvent casse-gueule. Pourquoi avoir pris ce risque ?

Je ne voyais pas ça comme un risque, mais plutôt comme une facilité. J’ai l’impression qu’il y a pas mal d’artistes francophones qui commencent par écrire en anglais, c’est mon cas et celui d’autres avec qui j’en ai parlé. Par réflexe ou par pudeur… Tu peux raconter un peu ce que tu veux en anglais, ce qui n’est pas forcément le cas du français. J’avais l’impression que le français n’était pas du tout fait pour moi, donc j’écrivais un peu en anglais par défaut parce que je n’avais pas d’autres choix. Mais honnêtement, j’écrivais des textes un peu nazes. Finalement, quand j’ai décidé d’écrire en français, je n’avais pas envie de lâcher totalement l’anglais. Et surtout, je voulais continuer de chanter, il y a des choses que tu peux chanter en anglais, mais pas en français. Par exemple sur le refrain de La Loi de Murphy, tu ne peux pas chanter « Une fois, deux fois » à la place de « One time, two times », ce serait ridicule et ça ne veut rien dire. Ce qui m’amuse dans l’écriture en français, c’est que tu peux raconter des images beaucoup plus directes et proches de ta vie. J’utilise mes mots de tous les jours, ce que je ne pourrais pas faire en anglais. Et en même temps, parfois quand j’écris une chanson et que j’ai envie d’un refrain catchy, qui raconte un truc très simple, l’anglais est génial pour ça. Il te permet de synthétiser toute la chanson avec une phrase toute bête, qui fonctionne et qui sonne bien.

Il y a plusieurs sonorités, plusieurs couleurs, dans La Loi de Murphy. Sans forcément poser d’étiquette, comment définirais-tu ta musique ?

Pour être très vaste, c’est de la pop. Mais je crois que dans les différents éléments musicaux qu’on retrouve dans ma musique, il y a toujours le piano-voix, et puis les percussions, la boite à rythme, les samples, mais il n’y a pas vraiment de vrais instruments. Là où je mets les vrais instruments, c’est dans les sons que j’utilise, j’utilise des sons de bois, des sons de vrais clap, mais ce n’est pas quelqu’un qui va les jouer.

Finalement, le public ne te connaît qu’à travers La Loi de Murphy, J’ai vu en featuring avec ton frère Roméo Elvis et maintenant Je veux tes yeux. À quoi ressemblent tes autres chansons ?
Les textes sont plus en français, et ça ne parle pas du tout des mêmes sujets, il y a peut-être un peu moins d’humour mais on reste dans quelque chose de décalé, qui raconte une histoire, la mienne en l’occurrence. Avec des textes qui vont droit au but. Ça parle d’amour, mais aussi de nos rapports aux réseaux sociaux, d’un mood etc.

Beaucoup de personnes t’ont découverte en première partie de Damso, un artiste à la musique très différente de la tienne. Connaissais-tu son travail avant de le rencontrer ?

Je connaissais un peu son taff. En tant que petite sœur de Roméo et seule fille de ma génération à ne pas écouter de rap, j’ai forcément dû m’y pencher un jour ! Avant, je n’étais vraiment au courant de rien…

Pourtant, ton « entourage » est très rap.

C’était justement plus facile, je crois que si j’avais été dans le rap, je n’aurais pas eu le même recul professionnel, et je n’aurais probablement pas travaillé de la même manière. J’étais impressionnée de jouer avec un artiste comme Damso, mais pas autant que j’aurais pu l’être, je ne connaissais pas du tout son album par cœur et j’ai découvert une grande partie de ses chansons grâce aux concerts. Damso, je l’ai réellement découvert grâce à mon copain qui l’écoutait beaucoup quand son album est sorti, je ne connaissais que Bruxelles Vie, et encore juste de nom, je l’ai mise dans mon ipod quand on commençait à sortir ensemble et qu’on s’enjaillait dessus mais, comme d’habitude, j’étais la dernière au courant.

Comment t’es-tu retrouvée à faire sa première partie ?

Il voulait avoir un live joué avec des musiciens, c’est là qu’on a fait appel à moi pour faire claviériste. La connexion, c’est Bruxelles. L’équipe qui bossait sur le live de Damso avait aussi bossé sur le live de Roméo et me connaissait, tout le monde se connaît assez vite à Bruxelles donc mon nom a rapidement été proposé. Et puis finalement les choses ont un peu changé puisque son live tenait très bien la route sans instruments, hormis quelques titres qu’il voulait que je fasse, et c’est là que l’idée de la première partie est devenue évidente. Lui ne voulait pas de quelque chose de rap, il voulait un truc complètement différent pour vraiment faire une rupture. Mon projet démarrait à peu près au même moment, on s’est lancé.

Comment est-ce que tu appréhendais un public qui ne te connaissait pas, et qui venait en plus pour quelque chose qui n’a rien à voir avec ce que tu fais ?

Je me chiais dessus (rires). Pour être hyper honnête, j’avais vraiment les boules. C’était très dur au début d’avoir confiance et d’appréhender ce public. Autant, je connaissais le public de Roméo, mais déjà à l’époque quand il me demandait de faire ses premières parties, j’avais vraiment peur de me faire bouffer. Finalement, il y a un point important, c’est que ce sont des publics souvent jeunes, et c’est peut-être plus ça la difficulté, que le côté rap. Parce que les gens qui écoutent du rap, souvent ce sont des personnes cool qui ont juste envie de s’enjailler. Mais la difficulté avec un public jeune, c’est qu’ils sont souvent un peu trop excités, alors parfois c’est génial parce qu’ils se retrouvent à faire des pogos sur mes chansons ! Et parfois, c’est plus dur parce que tu dois t’adapter. Au final, c’est une expérience qui m’a vraiment enrichie en terme d’énergie, et puis c’est hyper gratifiant d’entendre un public qui ne vient pas pour toi crier ton nom à la fin d’un concert. Il y a eu des moments vraiment fous, des moments d’émotions très fortes.

Depuis peu, tu as commencé à faire tes propres dates solo, et aller à la rencontre de ton public.

Pour moi, c’est le graal. Pour avoir joué devant des publics qui ne savent pas forcément que t’arrives, et que tu sens tu dois les convaincre… Alors que là, quand tu arrives sur scène et que ça hurle et que les gens savent qui tu es, c’est génial ! Ça veut aussi dire qu’un concert en mon nom c’est plus long, et que je peux présenter le projet de manière plus global et plus en détails. C’était difficile de se présenter en quelques chansons seulement, surtout quand il n’y en a qu’une qui étaitsortie. Là, j’ai l’occasion de plus m’exprimer, m’amuser, pouvoir raconter des histoires…

 

 

Comptes-tu présenter une scénographie particulière pour tes concerts solo ? Jusqu’à présent, tu es seule sur scène avec ton synthé et ta boite à rythme.

J’ai surtout envie d’avoir des musiciens. J’ai longtemps joué avec des groupes et pour moi il n’y a rien de mieux que d’être sur scène avec des musiciens. Être seule, c’est génial, mais tu as parfois envie que quelqu’un puisse prendre le relais, ou d’avoir des choses différentes d’un soir à l’autre. C’est quelque chose qui se prépare, et je veux que les musiciens soient des putain de tueurs (rires). Je sais que c’est quelque chose qui prend du temps, ce que je n’ai pas trop eu pour le moment. Ca se prépare, un vrai live, avec de vrais musiciens, une scénographie, une histoire… Il faut que l’on prenne le temps, et je pense que ça en vaudra la peine. Ce qui est cool pour l’instant, c’est que j’ai l’occasion de tester plein de choses, de me tester, tester les chansons, le public. Je pense que ce sera encore le cas quelque temps, peut-être jusqu’à la saison des festivals cet été, et puis après il y aura aussi la tournée.

À quel point ton environnement familial (son père est un guitariste-chanteur connu en belgique dans les années 1980 sous le nom de Marka, et sa mère est comédienne, ndlr) a influencé ton choix de devenir artiste, et d’en vivre ?

D’en vivre, ça n’a jamais vraiment été une question compliquée puisque mes parents l’ont toujours fait. Je n’ai jamais vu ça comme un truc dangereux. La plupart des parents disent à leurs enfants « ne fais pas de l’art, ça ne paye pas ». Chez moi ça n’était pas cette mentalité.

En fait c’est venu très naturellement. Ça m’a autant donné envie d’être musicienne et d’en faire mon métier, que de me différencier de mes parents. Parfois, tu as envie d’avoir ta propre vie et ton art. J’ai quand même longtemps travaillé avec mon père, mais aujourd’hui, je suis arrivée au stade où je fais mon chemin toute seule. Maintenant on a trouvé un bon entre deux.

Tu travailles depuis longtemps dans l’ombre, mais vu de l’extérieur, ton explosion est vraiment soudaine. Comment est-ce que tu te situes par rapport à tout ça, as-tu l’impression que les choses vont trop vites, ou tu penses être à ta place ?

Je suis là où j’aurais bien voulu être si je m’étais posé la question. Mais je suis surtout dans un moment où j’ai juste peur de tomber un moment, il s’est passé tellement de chose et je n’ai tellement pas eu le temps de redescendre. J’espère que ça va continuer et que ce n’est pas juste « le truc du moment » qui va durer quelques mois et s’éteindre. Après, il y a eu du travail et on fait tout pour que cela continue.

Propos recueillis par Maxime Leteneur et Bastienne.

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