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Hervé - TRENDS

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Hervé : « Tu peux faire un disque dans ta chambre »

Compositeur, auteur, interprète, producteur et autodidacte… Les facettes d’Hervé sont multiples. Il se confie en interview pour TRENDS.

Hervé - TRENDS

Nouvelle révélation de la chanson française et de la variété, Hervé est unique en son genre. Après avoir évolué en groupe au sein du duo franco-britannique Postaal, Hervé se lançait en solo l’année dernière avec Mélancolie F.C, son premier E.P. L’occasion de se présenter intégralement à son public, lui qui compose, écrit et interprète chacun de ses titres. Bientôt, Hervé révélera donc son premier album, sans pour autant confirmer de date. En pleine période de confinement, l’artiste ne manque d’ailleurs pas de productivité et a révélé les visuels originaux et naturels de ‘Si bien du mal’ et ‘Trésoir’. Il se confie aujourd’hui à travers un entretien avec TRENDS.

TRENDS : Quand as-tu commencé la musique ? A quel moment tu t’es vraiment professionnalisé ? 

Hervé : J’ai commencé la musique quand je devais avoir 15,16 ans, du moins c’est là que ça a commencé à prendre de la place dans ma vie. C’est à ce moment où j’ai acheté mon premier logiciel, où j’ai commencé à composer dans ma chambre. J’ai fait plein de petits boulots et en parallèle j’avançais dans la musique. Je me suis ensuiteprofessionnalisé avec mon groupe, Postaal, que j’avais avec un anglais. On a commencé à tourner, j’étais surtout producteur sur l’album et je faisais toutes les pochettes, les visuels, les clips, les trucs comma ça. On était une petite entreprise à nous tous seuls, c’est vraiment comme ça que j’ai appris le métier. A côté de ça, toute la période à la maison où j’ai appris à faire mes prods, à composer, puis à me mettre à écrire et à chanter, ça a servi aujourd’hui. 

Une façon de faire très ‘homemade’ finalement…

Tu peux faire un disque dans ta chambre. Moi je suis un grand fan des Daft Punk, Pharrell, Timbaland et de toute cette génération de producteurs que je suivais beaucoup. On les voyait dans les studios, mais certains bosser de chez eux aussi. Ce truc de ‘homework’, quand j’ai commencé la musique, c’était possible et plus simple qu’aujourd’hui. Je postais des vidéos sur MySpace, je faisais des petits montages de clips, des pochettes, puis j’ai eu des propositions de contrat. Mais j’ai beaucoup appris en autodidacte.

crédit photos : lorelei buser suero

T’as commencé ta carrière en groupe (avec le duo Postaal) et en anglais, ça avait l’air de plutôt bien fonctionner pour vous. A quel moment tu as décidé de te lancer en solo et pourquoi ? 

Ouais, ça fonctionnait grave bien en duo. J’ai beaucoup appris avec Postaal. Un jour je suis parti en Bretagne et j’ai écris 4,5 chansons qui sont sur mon disque qui sont sur mon précédent projet. Du coup, j’ai un peu combiné les deux pendant une période, parce que j’ai voulu aller au bout de Postaal. On avait enclenché un EP, j’avais beaucoup de travail et je ne pouvais pas faire deux choses à la fois. Je pouvais surtout pas envie de lâcher un projet aussi sincère que celui-là, donc j’ai pris mon temps puis je me suis lancé en solo. Ca a été une période hyper formatrice, j’ai découvert l’Angleterre, le clubbing, la façon de penser anglaise : il y a une forme d’humilité et de travail très forte là-bas. Ton producteur peut produire pour des grandes stars internationales et le lendemain il te fait tourner sur des scènes où on est 20…

Tu as aussi découvert de nouvelles sonorités en Angleterre ?

J’ai découvert une musique là-bas. En France, on a l’héritage Disco, on a amené la French Touch avec des BPM plus rapides et tout, et tout. J’y ai découvert la Jungle, la Drum & Bass, la UK Bass… Tout l’héritage de la période Happy Mondays, même aux Smiths un peu avant, The Streets et tout. Il y a des choses que je ne connaissais pas, parce que ça passait pas sur nos radios, c’était pas les rythmiques qu’on utilise. Il y a que les aficionados de festivals et les baroudeurs du rock qui se reconnaissent un peu dans cette musique tu vois…

D’ailleurs, tu modernises beaucoup la chanson française et lui apporte une certaine fraîcheur : à l’image d’un Stromae, ou Christine and The Queens dans leur genre. Tu as parlé d’eux dans d’autres interviews, mais quelles ont été où quelles peuvent être tes influences ? Des artistes qui ont pu te donner envie de te lancer ? 

Stromae moi je le suis depuis ses petites vidéos à la maison. Pour moi, toute cette période où j’étais sur Youtube, où je découvrais ce mec énorme qui a son clavier, qui chante, qui est super impliqué dans ses clips, ça m’a vraiment donné envie de me lancer. Pareil, on oublie beaucoup de le dire, mais Christine elle fait toutes ses prods, elle a produit son album de A à Z jusqu’au mixage. C’est impressionnant, elle apporte après les clips, l’image, comme Stromae, l’intensité dans les clips. Et ça faisait super longtemps en tout cas pour ma génération, qu’on n’avait pas eu de grosses têtes d’affiches originales dans la variété. Tu vois Angèle aussi à l’image d’un Stromae, elle pose son téléphone, elle pose son clavier, elle écrit, compose, interprète… Dans le répertoire que j’écoute je me rends compte que c’est souvent soit des auteurs, soit des compositeurs et souvent les deux. Et quand la personne est productrice, ça me fascine encore plus. Ça s’apparente à mon process de création, donc je me reconnais humblement, sans me comparer à eux bien sûr. Christine et Stromae sont à la chanson française que PNL est pour le rap et ce que Daft Punk est pour l’électro pour moi ! Et bien sûr, ils m’ont donné envie de me lancer aussi.

Le confinement, c’est une aubaine en tant qu’artiste ? C’est important pour toi de rester créatif et de continuer à partager surtout pendant cette période inédite ? 

J’ai plein de trucs à faire, ça passe bien. On n’est pas malades, on bosse pas, c’est cool. Je suis enfermé et ça change pas de d’habitude. C’est quand même assez particulier, je pensais que ça allait être calme, sauf que j’ai décidé de sortir des trucs… (rires). Je dois t’avouer que là moi je suis en Bretagne, chez mon père où j’ai en partie fait mon album, donc je m’y sens bien et libre, même si j’ai beaucoup de travail. C’est périodes qui me vont bien, passer huit heures sur un montage pour divertir les gens avec une vidéo c’est un truc que je ferais même sans confinement, à la limite là on m’emmerde pas ! (rires) Non mais, c’est cool. Et puis ça me permet de prendre le temps d’être un peu plus actif… Je m’adapte. Le seul truc qui m’embête c’est pour la tournée : savoir que tu as sorti des titres et que tu ne vas pas pouvoir les interpréter sur scène…

Tu es habitué des scènes (Première partie Clara Luciani, Eddy de Pretto, concerts avec Postaal), est-ce que c’est quelque chose que t’as envie d’expérimenter après la sortie de ton album ?

Je sais qu’on va en faire, mais j’ai ce sentiment que pour une fois, on a une sorte d’ennemi commun invisible. Qui n’a pas de religion, pas de couleur de peau, pas de parti politique, qui nous fait de près ou de loin tous du mal. Quand ça va se calmer (j’espère), je crois que ça va être la vraie fête, comme l’après-guerre. Je suis triste, j’ai fait deux ans de tournée, ça enlève une grosse partie de l’excitation et de la promotion, je vais pas te mentir, mais c’est comme ça. La France, c’est un pays qui aime la musique, qui aime l’art, donc je crois en ce bon esprit après le confinement.

Tu as sorti un EP l’année dernière (Mélancolie F.C) et il me semble que tu travailles ton premier album. Est-ce qu’un premier album se travaille différemment qu’un autre projet ?

Oui, c’est plus long (rires). J’avais déjà fait un long EP (6 titres) sur le précédent, là pour l’album je me suis entouré un petit peu au niveau de mes équipes et intervenants. On n’est pas beaucoup, mais l’enjeu principal c’est que je fais tout. Alors tout faire sur un six titres, ça va t’as le temps de te planter ou de faire le tour. Mais sur un 11, 12 ou 14 titres, on peut avoir des doublons, des redondances. Donc à chaque fois j’essaie d’enrichir les morceaux et du coup j’essaye d’apporter une couleur et une émotion sur chacun des titres. C’est là où je trouve que la différence se fait. J’ai fait de la scène entre deux, donc j’imagine aussi des sons pour la scène… C’est quand même plus ouvert qu’un EP j’ai envie de dire. Après moi je réalise pas, j’espère que les gens vont se le prendre et après voilà hein… En faire d’autres ! (rires)

Allier le fond et la forme, c’est important pour toi ? Parfois tu peux parler de sujets un peu tristes, mais les sonorités viennent toujours égayer le morceau

Parfois ça part des textes, parfois ça part de la prod, donc ça dépend. Par contre je mets beaucoup de coeur dans les textes, je pense que c’est très important et précieux. Je valide jamais un yaourt sur lequel j’ai pas trouvé la bonne intention, si j’ai pas fait le tour de la question dix fois. On a une langue pas évidente à faire sonner, très riche en même temps, donc je fais très attention.

crédit photos : lorelei buser suero

Sur ton album tu regroupes de nouveaux compositeurs ou ce sera toi de A à Z ? C’est un énorme taff ? 

Enorme taff, oui (rires). En même temps c’est plus simple parce que t’as tout sous la main, d’un autre côté quand tu vois la montagne de trucs à faire ça devient compliqué. Parfois tu te dis c’est impossible, mais moi ce que je préfère faire c’est bosser. Peut-être que je m’entourerai plus tard, mais aujourd’hui c’est une question d’habitude. Je pense que ce serait beaucoup plus compliqué pour moi, pas assez naturel et beaucoup plus long. Pour moi la musique c’est instinctif, j’ai pas de format ni de standard sonique. 

Tu es derrière les idées et mises en scène de tes clips ? C’est important pour toi d’avoir un regard sur toutes les étapes de développement de tes projets ? 

Pour les clips, je souvent je lâche un peu prise. C’est souvent inspiré de ma vie, de mon taff. Poids Plume c’est une ambiance club, Si Bien du mal je fais des crêpes à la maison, donc au final c’est assez simple et inspiré de choses que j’aime bien ou que j’ai vécu. 

Interview rédigée par Romane Dvl.

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