Published on
Rah Digga, une MC dans l’ombre
Rah Digga est une rappeuse talentueuse qui a su infiltré des collectifs aux succès retentissants. Pourtant, son nom demeure inconnu du grand public, quand son talent a depuis très longtemps fait l’unanimité auprès de ses pairs. Avec seulement deux véritables albums à son actif et une très longue collection de featuring, la MC n’a jamais réussi à s’exfiltrer vers le succès qui aurai dû être le sien. Retour sur une artiste de talent, trop longtemps laissée dans l’ombre.
D’Outsidaz au Flipmode Squad
S’inspirant des flows de rappeurs à la dent dure de l’acabit de KRS One, Rah Digga fait d’abords travailler ses rimes au service du groupe Outsidaz aux côtés de Pacewon et John Forte. Avec eux, elle rencontre ses premiers succès et atteint un certain niveau de reconnaissance dans sa région d’origine, le New Jersey. A tel point, qu’en 1996 à un autre groupe issu du New Jersey, The Fugees, finit par inviter Rah Digga sur l’album légendaire The Score. La mc pose un couplet virulent sur le titre Cowboys, ce qui lui permet de rencontrer Q-Tip et Busta Rhymes. Ce dernier la prend alors sous son aile et lui ouvre les portes du Flipmode Squad.
Les années Flipmode
Chez Flipmode, Rah Digga est vite cadrée et comparée à Eve, alors affublée de l’appellation Ruff Ryder’s First Lady. De fait, Digga est invitée par un grand nombre d’artistes ayant le vent en poupe. Busta Rhymes ( Touch It, Betta Stay Up In Your House), bien sûr pour lequel elle pose un grand nombre de verset, mais également Xzibit, Beanie Sigel, Talib Kweli, Jamelia, Wyclef Jean ou encore RZA. Une liste impressionnante et loin d’être exhaustive, d ‘autant plus que l’artiste a la bougeotte et n’a cesse de se lancer dans de nouveaux projets.
Premier album : Dirty Harriet
Sorti en 2000, l’album Dirty Harriet intervient dans un moment faste pour Rah Digga. Au faite de sa gloire, elle réussi à écouler plus de 700 000 unités à travers le monde, en profitant d’une notoriété largement construite sur son grand nombre de featuring. Stylistiquement parlant, l’opus est clairement abouti et utilise des productions frontales, très rentre dedans, permettant à Digga de déployer toute la puissance de son flow. Break Fool ou encore Tight s’offrent comme de véritable exercice de styles permettant à la MC de donner la pleine mesure de son talent.
Passage à blanc et featuring
Après la sortie de l’album Dirty Harriet, Digga continue de cristalliser la hype autour de son nom et participe à des featuring aux succès retentissant, notamment aux côtés de Busta Rhymes ou de Missy Elliott et Eve, sur le remix nerveux du titre Party & Bullshit. En 2007, se rendant compte que l’écurie Flipmode Squad ne lui offrait que peu de possibilités de réussir, Rah Digga claque la porte et revient en 2010 avec l’opus Classic. Produit par Nottz est porté par le titre This Ain’t No Lil Kid Rap. Malheureusement, le succès n’est plus au rendez-vous et Digga s’impose de moins en moins dans le rap game moderne et finit, comme Lil’ Kim, par laisser entendre sa voix contre d’autres artistes, dont Iggy Azalea.
De Rah Digga, on retiendra surtout le travail d’une acharnée au talent incontestable et qui n’a jamais fait de concession quant aux effort qu’elle devait fournir. Pour beaucoup aujourd’hui encore, elle symbolise à la fois la réussite et les déceptions qu’une femme peut rencontrer dans l’univers du rap. Car ne vous y trompez pas, le manque de presse autour de Rah Digga, mais également le manque de mise en avant de la part du Flipmode Squad procèdent tout deux du même problème. A savoir, l’inégalité de traitement entre les sexes, d’autant plus qu’à bien des égards Rah Digga avait campé le rôle de « minorité visible » au sein du Flipmode Squad. De quoi ce questionner plus en avant sur l’égalité des chances dans le hip hop et plus largement dans les milieux culturels.
La discographie de Rah Digga est disponible ici.
Retrouvez les autres femmes du rap sur Trends Periodical :
No related posts.