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Musique

L’interview Triple S « Sueur, Soif, Sous » avec le groupe 13 Block !

On a rencontré le 13 Block Gang, les gars d’la ville comme ils se nomment. Le quatuor sevranais nous offrait il y a quelques semaines de cela « Triple S », leur dernier projet en date, caractérisant l’élan même de la ville du 93 : « Sueur, Soif, Sous ».
Une détermination qui leur a permis de dépasser les frontières de leur quartier, en affichant complet à chacun de leur concert. Retour sur notre entretien avec Zed, Deusté, Zefor et Oldpee, après un parcours semé d’embûche et une ascension a portée de main.

 

-Après vos deux gros projets « Violence Urbaine Émeute » et « Ultrap », pourquoi avoir attendu 1 an pour sortir « Triple S » ?

OldPee : C’était le temps de se ressourcer, on n’allait pas sortir un autre projet qui ressemble aux précédents, il n’aurait pas eu le même impact que Triple S. Le temps qu’on a attendu, on a rencontré Ikaz et cela a tout changé.

 

-Le projet tourne beaucoup autour de votre parcours, semé de doutes et d’embûches et de votre ascension. Que pensez-vous de votre évolution ?

Deusté : Il faut encore évoluer, toujours plus, ce n’est pas assez même, on n’est pas encore satisfait.

 

OldPee : C’est ça le but, toujours faire plus. Nous on veut évoluer avec la musique qu’on fait, on essaie de changer les choses, apporter un truc. Si les gens le ressentent dans notre musique qu’on apporte quelque chose, c’est qu’on a fait du bon travail. Demain, si on sort un autre projet et qu’il ressemble à Triple S, les gens vont nous le dire et là on aura foiré.

 

-Zed répète souvent « essaye de briller tous les jours » comme message d’espoir. Pouvez-vous parler de l’époque « avant 13 Block » ?

Zed : La vie avant 13 Block, ça a toujours été 13 Block, c’est la même vie, après la gimmick « essaye de briller tous les jours », c’est d’essayer de faire le maximum, à chaque projet, chaque chose que tu fais essayes de briller. C’était plus dur avant, il y avait moins d’exposition.

 

OldPee : C’est un slogan et c’est pareil pour tout le monde, essaye de réussir dans ce que tu fais. Rien n’est impossible, regarde d’où on sort, on n’a pas le même quotidien que les mecs de cité basique, même si on vient de la cité. Il y a des mecs, c’est des footballeurs ils sortent de tout en bas, nous on est des rappeurs et c’est la même. C’est un slogan, comme Triple S.

 

-Vous êtes très attaché à votre quartier, à votre ville. Comment caractérisez-vous l’élan, le dynamisme de Sevran, que l’on retrouve chez plusieurs personnalités ici ?

Zed : Trop de talents, après ça a été souvent mal catégorisé, surtout médiatiquement et par le mal on a réussi à se faire un chemin qui est positif, que ça soit sportivement ou musicalement, après c’est la mentalité. La matrix (délire) de Sevran est différente. Beaucoup de clans, beaucoup d’équipes, beaucoup de divisions, beaucoup de quartiers, beaucoup de vente… Cela te fait grandir trop vite. À 16 ans tu es déjà un grand là-bas.

 

Deusté : Bourré de talent.

 

Old Pee : C’est le train de vie. Tu vas aller dans n’importe quelle cité dans le 93, il y a Sevran et beaucoup d’autres cités, mais tu verras que le délire n’est pas pareil. Tu viens chez nous, tu verras que les gens ont un peu près tous le même état d’esprit. Quand tu veux faire un truc tu le fais. Tu ne décides pas d’être footballeur comme ça, ou par la chance de Dieu ou je ne sais quoi on te le donne. Il n’y a personne qui nous pousse, ça veut dire c’est le mental et vas-y. Les portes sont fermées. C’est juste la détermination.

 

– Vous prêtez une forte attention aux armes dans vos sons, si vous deviez être une arme, laquelle seriez-vous et pourquoi ?

Zefor : Un silencieux, tu ne fais pas de bruit, c’est clean, un coussin (imitation du bruit d’un silencieux).

 

Zed : Lance-missile, tu n’as aucune chance de pouvoir t’échapper, quand le missile est lancé, ça explose tout le bâtiment. Un 9mm tu peux l’esquiver, mais un lance missile…

 

Deusté : Un couteau suisse, facile à dissimuler, tu ne me vois même pas quand j’arrive avec. Un petit couteau suisse qui plante bien, je le cache à côté de la manche.

 

OldPee : Smitsh & Wesson, même pas pour la hype, c’est juste parce que j’aime le nom. C’est le flingue des cowboys tu vois.

 

-Votre musique dépasse carrément les frontières de votre quartier tout en parlant de la rue. Comment arrivez-vous à universaliser la vie de la street ?

Deusté : On le vit vraiment le truc, le mettre sur une feuille c’est facile. Ce n’est pas comme les comédiens, ils vont prendre une semaine pour écrire une pièce. C’est comme si on me demandait d’écrire mon nom et la date. Vu qu’on connaît le truc, ça vient de nous.

 

Zed : C’est la prod aussi, elle est ouverte.

 

Oldpee : Le discours n’a pas changé depuis « VUE », c’est toujours la même chose, sauf qu’on a grandi, on l’exprime mieux et les prods sont plus ouvertes. « Vide », c’est un son qui a pété, mais on dit clairement que la bonbonne est vide, faut venir recharger, c’est encore le même discours.

 

Zefor : La prod, la manière de dire les choses. On le dit en chantonnant et la vibes passe mieux.

 

– Vos concerts sont plein à craquer, quelle relation entretenez-vous sur scène avec votre public ?

Zefor : On est proche d’eux, avec des barrières. On est cool avec eux.

 

Oldpee : C’est cool.

 

Zed : On ne s’attend jamais à ce que ça soit plein. Quand on fait des villes comme Brest, Rennes, on va loin, c’est des villes où l’on ne s’attend pas à voir trop de monde et on voit des sold-out, ça fait plaisir. Après on ne communique pas tellement sur les réseaux mais quand il le faut on le fait. Cela n’empêche pas d’être cool avec tout le monde, mais on est très sectaire on est dans notre cocon et on te le fait découvrir.

 

-De quelle façon s’est déroulée la production de l’album TRIPLE S, concernant le processus d’écriture, la sélection des prods ?

Deusté : Comme les anciens. On va au studio, on fait douze sons et on en choisi 8. Il n’y a pas l’ambition de sortir un type de son en particulier.

 

Zefor : On a fait notre projet en commun, on va au studio et go.

 

OldPee : Déjà les gens perçoivent « Triple S », comme un album, vu qu’il est disponible sur les plateformes, mais pour nous c’est un EP, parce qu’il y a grave des sons avec Ikaz qu’on n’a pas sorti.

 

-Comment s’est établit la connexion avec Ikaz ?

Zeufor : Il est venu avec le message « à quand le 13block X Ikaz »

 

Zed : Il est venu nous parler sur Twitter. On a répondu, on a fait « Somme » et d’autres sons qui ne sont pas sortis, environ 4,5 titres propres. On a eu du mal à ne pas les mettre dans le projet, mais comme c’est un EP, on n’allait pas mettre 15 sons dans un EP.

 

-Sa présence se ressent sur le projet, notamment au niveau des sonorités. Vous a-t-il sorti de votre zone de confort ?

Zed : Il nous a rentré dans une zone de confort justement. Il a su ce que chacun savait faire. Si tu écoutes nos premiers projets, tu ne sais pas qui est qui. Il nous a appris à nous découvrir nous-même.

 

Deusté : Il nous a aidé à nous surpasser. Je n’aimais vraiment pas chanter, mais ses instrus me donnent envie de chanter.

 

Oldpee : Il nous a un peu plus ouvert.

 

-Vous prêtez une forte attention à vos parents surtout à vos mamans dans les titres « Calibre » « Sale » et « Triple S » : « Regarde dans les yeux quand tu traites ma mère », « Élevé par une lionne qu’est-ce que tu veux que je fasse avec une sale chienne ».
Quel rôle vos mamans jouent dans votre parcours artistique ? Est-ce qu’elles écoutent votre musique ?

Zed : Elle n’écoute pas mes sons et j’ai pas encore envie qu’elle écoute mes sons. Le message est très noir. Je pense que nous tous sur la globalité des sons, on leur ferait écouter qu’un seul morceau : « Essaye », et peut-être d’autres comme « Protégé ». Il y a les petits neveux, les refrés qui écoutent et montrent aux parents, mais après volontairement on ne fait pas écouter, après si elle écoute, elle écoute. Je passe sur Trace Tv, elle change la chaîne elle me voit, mais si elle me voit avec un gros joint, une mitraillette, c’est gênant.

 

Deusté : J’ai plein de petits frères et sœurs, elles tombent dessus, mais ce n’est pas de ma faute.

 

Zefor : Elles nous poussent, elles nous soutiennent, même si elles ne voient pas ce qu’on fait, elles entendent les échos. Ça leur fait plaisir elles nous poussent à fond. On espère arriver à ce stade là et faire écouter à nos parents.

 

Oldpee : Tu connais, même les petits aux quartiers en parlent. C’est ma cousine qui m’a poucave, je ne voulais pas que mes darons écoutent. Les personnes qui font notre style de musique je ne pense pas qu’ils aient envie que leurs mères écoutent ce qu’ils disent. Ce que tu veux vraiment montrer à tes parents, c’est la réussite. Tu me voyais je trimais, je galérais à la cité, je faisais mes sons, c’était tout le temps le même discours « pense à faire autres choses », « ça ne va pas aller loin ». Aujourd’hui tu vois qu’on fait des shows, tu ramènes à manger, ça montre que ça marche. Ce n’est pas de toi même qu’elle le sait, c’est les gens autour qui lui en parle. Elles se disent que leurs fils ne font pas n’importe quoi, c’est un métier comme un autre en vrai.

 

-Si vous n’étiez pas rappeur, qu’est-ce que vous auriez fait comme profession ?

Zed : J’aurai kiffé être un sportif, un grand sportif de ouf. Peut-être footballeur ou basketteur. Dans un grand club. C’est le même effet, tu montes sur scène, il y a le public qui te regarde, tu as la pression. Sur le terrain, c’est chaud, si tu ne marques pas ce but t’es mort. Sa aurait été un grand kiff d’être un sportif.

 

Deuste : J’aime trop les petits, leur casser les couilles pour eux-mêmes. Je serais entraîneur, comme les Mourinho ou Pap Diouf. Entraineur de football, manager, agent, c’est un coup que je fasse cela en parallèle de la musique. Je peux arrêter la musique pour faire ce genre de métier, tu me vois à TéléFoot demain.

 

Zefor : Je ne peux pas te dire frère, je ne sais pas. Plus dans le sport à vrai dire et le reste c’est Dieu qui décide.

 

Oldpee : J’aurai essayé de tenter ma chance au basket. À la base je faisais du basket. Ce n’est pas dit que ça aurait été ce métier là, mais j’aurai essayé de persévérer dans cette voie. Je ne vais pas te dire je voulais faire pompier ou vendeur.

 

– Il y a un joueur de Sevran, Silvain Franciscon qui est talentueux !

Oldpee : On le connaît très bien

 

Zed : C’est un petit à nous force à lui

 

-Quelle est votre paire favorite ? La sneakers indispensable à absolument avoir ?

Zed : La  Air Max 97

 

Zefor : La dernière Air Max 270, la ville !

 

Deusté : Je ne mets pas de Balenciaga, tout ce qui est nouveau à la mode je ne mets pas, je porte que des anciennes marques à la base.
La requin (Air Max Plus TN), c’est la paire que j’ai le plus acheté dans ma vie, je la porte même aujourd’hui.

 

Oldpee : Niveau moderne j’aurai dit la 97, mais la paire indispensable c’est requin direct.

 

-Votre image reflète carrément votre vie, autant dans votre musique que dans vos sapes. Pourriez-vous un jour délaisser le survêt training pour porter des Triple S et des marques de luxe ?

Deusté : Peut-être pas marques de luxe, mais plus ma façon de m’habiller : des ¾, col roulé, mais pas forcément de la marque. Je n’aime pas tout ce que les gens mettent. Plus classique, un peu italien, homme d’affaire, mais pas les dernières Balenciaga, les dernières Gucci que tout le monde a. On s’habille selon nos goûts, pas selon la mode, c’est le plus important.

 

Zed : Directement. J’aime bien les habits, la marque. Je viens d’un pays où le vêtement c’est avant l’eau (rire), je n’ai même pas de marque en tête pour te dire, j’aime juste les vêtements. Le T-shirt est à 450 balles, c’est chaud pour l’instant, mais si j’avais les moyens je m’habillerais bien luxe comme street-wear, avec plaisir. Pas en désordre pour faire comme tout le monde.

 

Zefor : Faut savoir les mettre après. Il faut pas les mettre parce que c’est ça, et que tu le portes n’importe comment.

 

Oldpee : Normal. J’aime beaucoup la sape, street-wear ou de luxe. Nike en premier, Adidas en deuxième et Fila en troisième, et en luxe, Gucci, Kenzo, mais les bons trucs. J’ai toujours aimé porter du Gucci, les couleurs ressortent bien et faut savoir s’habiller. Cela peut être une grosse marque qui sort une nouvelle collection, mais on va préférer les modèles d’avant. Gucci par exemple, leurs nouvelles casquettes avec l’abeille devant, je ne les aime pas, je préfère les anciennes.

 

-Si vous deviez définir la musique du 13blo gang en un mot, ça serait quoi ?

13 Block : Sueur, Soif, Sous, Triple S frèro !

 

Deusté : Chaque année Il y a un nouveau slogan, tellement de dos d’ânes. Les périodes donnent le ton à l’état d’esprit du groupe, plus de gaité, plus peace.

 

Oldpee : Ça reste toujours urbain. C’est la street, on rap ce qu’on voit on ne va pas te rapper autre chose.

 

Zefor : Il y a certaines personnes qui disent qu’on se répètent, c’est parce qu’ils ne vivent pas notre vie.

 

-Si demain sa continue de cartonner et que financièrement votre train de vie s’améliore, automatiquement vos allez changer de rythme de vie. Vous allez continuer de rapper sur vos vies d’avant ou actuelle ?

Zefor : Ça sera au moment présent, on vit au jour le jour.

 

Zed : Si j’arrive à avoir 4 chaînes en une seconde, je te le ferais comprendre. Je te fais comprendre ce que je vis tout de suite. On ne pourra plus faire ça et on sera même content de dire qu’on est plus à la cité, qu’on a trop été dedans.

 

Oldpee : Si je roule en grosse gova je te le dirais alors qu’avant j’étais en galère. Je ne vais pas faire comme si j’étais à la cité et que je trime, c’est finit. Dans nos premiers projets, tu sens qu’on est dans le béton, et que maintenant on a pris de l’âge, on parle toujours de la cité, mais ce n’est plus comme avant.

 

Deusté : On est moins dans le béton. Avant, on étaient à la cité, aujourd’hui on est avec vous.

 

-Si vous aviez quelque chose à dire à votre public, qu’est-ce que vous aimeriez leurs dire à ceux qui vous donne la force ?

13 Block : Merci pour le soutien, un grand merci.

 

Zed : Ils comprennent notre musique et notre évolution, ils savent qu’on ne peut pas faire des sons comme en 2013. Après il y en a qui comprennent pas et qui disent « qu’on est moins méchant » mais tu ne peux pas rester méchant à vie.

 

Oldpee : La suite arrive lourd et continuez de faire tourner les bails.

 

Photographe: @Kop3to

Journaliste: @enzocosy

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