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Bekar : « Tout ce que je vis, j’essaie de le retranscrire à travers ma musique »

A l’occasion de la sortie de son second projet, Briques Rouges, Bekar s’est confié autour de quelques questions pour TRENDS.

Originaire de Roubaix, Bekar est l’un des nouveaux visages du rap français. Amoureux du rap, technique, authentique, l’artiste membre du collectif Northface Records sortait son premier projet Boréal le 22 mars denier, avant de revenir avec Briques Rouges le 25 septembre dernier. Un projet dans lequel le rappeur signé auprès de Panenka Music se livre comme jamais. Pour l’occasion, TRENDS est parti à sa rencontre.

TRENDS : Enchanté Bekar ! Quand as-tu commencé la musique ? Quel a été le déclic ?

Bekar : J’ai commencé la musique il y a environ 6 ans, je devais avoir 16 ans, j’étais en seconde. Franchement, je sais même pas comment je suis tombé dedans. C’est juste que je commençais à écouter de plus en plus de son, on en parlait de plus en plus avec mes potes à l’époque. C’est un délire qui au début était entre potes, on freestylait de notre côté, on rappait ensemble, puis au fur et à mesure des années ça s’est confirmé et c’est resté. J’ai commencé vraiment naturellement. 

Est-ce que tu as toujours écouté du rap, ou est-ce que tu es passé par différentes phases ? 

J’en ai toujours entendu, de là à m’y intéresser ça a mis un peu plus de temps. Mais je pense que vers 13-14 je me suis mis à écouter de plus en plus de musique, plus particulièrement du rap. Je me rappelle que lorsque je commençais à m’intéresser au rap, c’était au moment des clash entre Booba et La Fouine, il y avait aussi toute la vague de l’Entourage, 1995, j’écoutais aussi un peu de rap américain. J’allais un peu à droite et au fur et à mesure des années mes goûts se sont affinés. Mais avant ça, c’est pas forcément ce que j’écoutais le plus. 

J’imagine que l’écriture que tu abordais au collège allait avec l’âge que tu avais à l’époque. Mais aujourd’hui, est-ce qu’elle est devenue libératrice pour toi ? 

Ouais, clairement. Au début c’était plutôt du freestyle, j’écrivais de la merde, des clash, en disant que je suis le meilleur, ce genre de choses un peu débiles que tu fais quand t’es jeune. Je pense qu’aujourd’hui je me sers vraiment de la musique pour exprimer tout ce que je peux ressentir au quotidien, c’est un peu un échappatoire. Tout ce que je vis, j’essaie de le retranscrire à travers ma musique. 

C’est la musique peut aussi être un vecteur de messages fort, comme dans ton titre « En principe », où tu te livres beaucoup sur tes convictions justement. Tu dis notamment « mon amour pour le rap ne date pas d’hier », « ils sont plus fascinés par les sappes des rappeurs que par leur musique », tu peux m’expliquer un peu ce que tu as voulu dire par là ? 

Franchement c’est assez explicite, ça doit faire environ 6-7 ans que je fais de la musique, et sans faire l’ancien, je vois qu’il y a pas de choses dans le rap qui ont changées. Que ce soit la consommation du rap en elle-même, le public aussi, et je veux pas faire de généralités mais aujourd’hui, des gens vont écouter un album et parce qu’il a fait 100 ventes en deux semaines vont se dire « il est nul », « il ne faut pas aller l’écouter », se permettre de le juger sur les réseaux… C’est une mentalité que je n’aime pas du tout. Et ouais au niveau des sappes aussi, tu remarques dans les commentaires sur les réseaux les gens cherchent à savoir la paire qu’il porte, la marque de sa veste etc. L’image est devenue très importante pour les artistes, d’un côté c’est bien, d’un autre ça l’est moins et c’est que j’explique dans ce morceau. 

Avec les plateformes de streaming, on a aussi comme un gros buffet qui est servi aux auditeurs et certains ont tendance à piquer un peu de tout et à rejeter très rapidement lorsqu’ils n’aiment pas…

C’est exactement ça, c’est un peu de la sur-consommation. On a des sorties tout le temps, ça part dans tous les sens, avec tous les sites de rap il y en a aussi pour tout le monde. Et il y a aussi énormément de concurrence, il y a beaucoup d’artistes et c’est difficile de faire son petit chemin dans tout ça. Les gens ont aussi moins de patience parfois pour aller découvrir un artiste, son univers etc. 

North Face Records, c’est ton label aujourd’hui ? Comment se compose ton équipe aujourd’hui, c’est toujours la même qu’à tes débuts ?

Non, ce n’est pas la même. Au début avant de rencontrer North Face, j’étais pas mal tout seul, à trouver des studios pour m’enregistrer, à trouver des potos dans le « milieu », à aller à des open-mics, tout ça. Et il m’est aussi arrivé deux/trois galères, donc à un moment j’ai dit « stop » et je me suis dit qu’il fallait que je trouve une vraie équipe stable avec qui je peux faire du son. Et en fait ça s’est fait vraiment naturellement, j’ai d’abord rencontré le producteur du label, via Facebook. Il habitait à côté de chez moi à Roubaix donc je suis allé le rejoindre en studio, ils étaient tous ensemble, tout le monde faisait du son. J’ai commencé à venir une fois, deux fois, trois fois… Puis on s’est mis à rouler ensemble depuis trois ans, de mon côté il commençait à se passer des choses et j’avais besoin de gens autour de moi, d’être structuré et épaulé. Avec le temps on est devenus potes et on s’est tous embarqué dans le même truc pour aujourd’hui être devenus une vraie équipe, un vrai label. C’est vraiment une équipe de potes.

Ton premier projet « Boréal » s’est largement fait entendre l’année dernière. Près d’un an après, tu sortiras bientôt Briques rouges, qu’est-ce que ça fait ?

J’ai forcément hâte ! Après j’ai quand même la pression, parce que Boréal était mon premier projet, on l’a conçu à partir de rien, c’est vraiment un projet qu’on a fait avec toute l’équipe. On n’avait pas d’attente alors que pour le coup maintenant je sais qu’il y a plus de gens qui m’écoutent, ça met forcément davantage la pression. Après je suis confiant, j’espère que ça va le faire !

J’imagine du coup que les attentes sont différentes ? 

Je suis un gars qui ne me met pas énormément d’attentes, ça m’arrive de le faire, mais j’évite parce que parfois on a tendance à mettre la barre trop haute et puis finalement on est déçus. Du coup je préfère me dire que je suis content du projet, on a vraiment travaillé dessus et maintenant j’attends de voir comment le public va réagir et s’il va l’apprécier. Après bien sûr j’espère que ça m’ouvrira des portes et que je continue de passer des paliers pour pouvoir ressortir un projet derrière et ainsi de suite, je n’ai pas envie de stagner. La seule attente que je pourrais avoir, c’est ce que je projet me permette de continuer de faire du son. 

Quelle couleur as-tu voulu amener sur le projet ?

Déjà c’est un 18 titres, il n’y a pas de featuring, je suis vraiment tout seul. Il s’appelle « Briques rouges », il est vraiment tourné vers ma région et du coup c’est un univers assez froid, qui je trouve correspond bien à l’univers et à l’atmosphère dans lesquels on vit dans le nord. Il y a un côté où je retourne pas mal à l’enfance aussi, c’est un projet vraiment introspectif. Je pense qu’il est plus personnel que le premier.

C’est peut-être ce qui explique l’absence de featuring ? 

En fait, de base c’était pas forcément une volonté, j’avais un ou deux noms. Malheureusement il y a une première collaboration qui n’a pas pu se faire en raison d’un mauvais timing, et puis finalement je me suis dit que j’allais aller au bout du truc tout seul. J’avais pas forcément besoin d’inviter quelqu’un et puis surtout je suis encore en développement, vu le temps qu’il faut pour mettre en place des featurings, je me suis dit que ce n’était pas plus mal tout seul aussi.

Du coup, le titre et l’ensemble du projet fait référence au Nord de la France, là où tu as grandi. La cover est une continué, avec l’herbe colorée de rouge ? 

C’est pas très en rapport avec les briques et c’était un peu l’idée ! C’est Fifou qui a réalisé la pochette du projet, on l’a faite dans le 77, près de Paris. Il m’avait proposé plusieurs idées, des trucs beaucoup plus explicites où on ressentait le côté très urbain sur la photo, mais cette idée-là m’a beaucoup plus touchée parce que c’est le contre-pied que j’ai trouvé intéressant. Dans le projet je parle du Nord et de tout ce que ça peut évoquer et la cover est totalement différente, même si le rouge rappelle forcément les briques. C’est moi qui incarne les briques rouges sur la pochette, en survet’ Lacoste à l’ancienne, face à moi il n’y a rien, je suis un peu craintif : il y a quelque chose d’un peu poétique je trouve dans la cover. 

Tu es sélectionné pour le Printemps des iNOUïS cette année ! Après la période difficile que l’on a traversé cette année avec le covid et le confinement, tu dois être impatient de pouvoir retrouver ton public ? 

Je pense que c’est vraiment nécessaire de retourner sur scène, parce que ça doit faire au moins 6-7 mois qu’on n’a pas pu faire de concert. Donc oui, j’ai vraiment trop hâte de pouvoir remonter sur scène ! 

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