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Lord Esperanza : « Je me considère encore hyper débutant »

Rencontre avec Lord Esperanza à l’occasion de la sortie de son projet international « Dans ta ville ».

TRENDS : Enchantée Lord ! Peux-tu nous faire une rétrospective de tes débuts dans la musique ? Comment tout a commencé pour toi ? 

Lord Esperanza : Je suis rentré dans le rap par le biais de l’écriture, parce qu’au début j’écrivais des petits poèmes, des choses comme ça. Et après j’ai découvert la Sexion d’Assaut, une vraie révélation qui a un peu tout changé. C’était un peu avant la sortie de l’album L’école des Points vitaux, donc c’était encore très underground et ils avaient un succès d’estime grandissant, ça m’a beaucoup inspiré et influencé. Quelques années plus tard il y a eu l’arrivée de toute la clique de l’Entourage : Nekfeu, Lomepal, Jazzy Bazz, Guizmo etc… Et c’est là que j’ai commencé à sortir mes premiers clips, après j’ai signé sur un label indépendant à 18 ans. J’ai quand même galéré quelques années, entre mes 16 et mes 20 ans, avant d’en vivre officiellement et après j’ai créé mon label il y a deux ans sur lequel je produis des artistes aussi en parallèle. 

Avec le recul que tu peux avoir aujourd’hui, es-tu fier de l’évolution de ton projet ? 

En vrai c’est un peu paradoxal, parce que j’ai eu la chance de rapidement pouvoir vivre de la musique, de faire des grosses scènes et tout. Mais finalement je me considère encore hyper débutant, je me sens qu’au début. C’est pas plus mal, comme ça je reste concentré et déter et je continue à bosser. Je ne me sens pas du tout arrivé et d’ailleurs c’est le cas.

En ce sens, n’est-ce pas trop difficile de s’armer de patience avant d’arriver à son but ? 

Si, je pense que tu mets le doigt sur la chose la plus compliquée en vrai. Surtout quand tu commences jeune, on est encore en construction humainement, on ne se connaît pas encore réellement, donc forcément le rapport au temps est très flou. Surtout que paradoxalement j’ai quand même eu la chance d’être confronté assez vite à la montée de mes abonnés, les salles qui se remplissent, toutes ces étapes sont allées hyper vite. Du coup tu ne les vois pas trop passer et c’est un peu bizarre, mais tu es habitué à un truc très exponentiel et finalement au bout d’un moment ça stagne un peu. T’es pas toujours dans des phases montantes constantes, la vie c’est cyclique. Bien sûr que je suis hyper content de ce qui m’arrive dans la musique et je me rends compte que le travail paie, mais c’est encore qu’un début. C’est aussi pour ça que je fais d’autres projets en parallèle. Comme la production où je m’occupe notamment de Sally, le côté aussi marque de vêtement… Ca me permet d’expérimenter d’autres trucs, parce que j’ai un peu la bougeotte quand même (rires). Juste faire du son en studio, ça me saoule un peu. J’adore, c’est ma passion, mais je ne me plais pas que là dedans. 

Lorsqu’on débute dans la musique, on peut avoir tendance à expérimenter différents styles, à chercher son univers. Est-ce qu’aujourd’hui, après la sortie de ton premier album et avec la sortie de ton nouveau projet, tu penses avoir trouvé ta propre identité artistique, ou es-tu toujours dans la recherche ?

Je crois que je commence à toucher du bout du doigt les grandes lignes. Mais c’est David Bowie qui expliquait je crois que pour lui un artiste qui n’est plus dans la recherche, n’est plus un artiste qualitatif. Et je pense qu’il n’a pas tord là-dessus, en effet même si à un moment tu commences à comprendre les enjeux principaux et les grandes lignes, il faut continuer à expérimenter, même à surprendre les gens. C’est aussi ce que j’ai essayé de faire avec mon nouveau projet, ne pas faire comme tout le monde. L’idée de réunir des artistes du monde entier, bien sûr pour l’histoire, pour le concept, pour montrer aux gens qu’on peut créer à distance, qu’internet c’est magnifique. Mais aussi pour la D.A, la référence à « Catch Me If You Can » ou « OSS117 » qui était marrante, mais aussi pour dire ‘on a réuni des gens du monde entier sur un disque’. Donc bien sûr quand je fais ça, je le fais uniquement pour le kiff, les enjeux ne sont pas les mêmes, malgré qu’évidemment je veux qu’il marche et je veux le pousser au maximum. C’est des projets assez excitants.

Tu peux nous expliquer l’idée derrière ce nouveau projet ? 

J’avais la chance de voyager pour faire des concerts un peu partout en 2018, très vite on a pu faire des tournées au Canada, on a fait un détour par New-York, donc c’était l’occasion de rester quelques jours en plus et de visiter les villes. Et du coup je me suis dit que ça pourrait être cool de faire quelque chose avec les artistes du coin. Après je suis rentré en Europe, je suis passé par Berlin, j’avais déjà quelques sons avec des artistes étrangers et à ce moment-là je me suis dit ‘ok, c’est le moment de faire quelque chose avec des artistes internationaux’. Du coup doucement après ça j’ai demandé à mes managers, le label avec qui je travaille, mes éditeurs et tous les gens avec qui je bosse s’ils pouvaient m’aider à atteindre des artistes d’autres pays. C’est pour ça que doucement mais sûrement le projet s’est mis sur les rails. C’est pour ça aussi que je l’ai bossé en parallèle de mes autres sorties, parce que ça prenait trop de temps logistiquement de trouver tout le monde.

Tu le dis d’ailleurs dans l’outro du projet que ce projet a pris deux ans avant d’être terminé…

C’était une super expérience de travailler à distance, de composer des morceaux… Parfois j’envoyais plusieurs prods, il fallait que l’artiste apprécie les prods à distance, sans communication. C’était un peu compliqué, mais au final je suis très content de voir que la plupart ont joué le jeu et en plus d’avoir des artistes en développement ou bien installés dans leur pays, donc c’est cool que ça ait de la résonance. 

Avec le confinement, le projet a aussi dû prendre tout son sens.

Complètement. C’est sûr que le confinement n’a jamais été aussi productif, parce que du coup j’ai grave profité de ça pour faire plein de visuels. Tous les visuels de communication autour du projet ont été faits pendant le confinement. Et du coup bizarrement, alors que mon album est sorti il y a un an, visuellement et même de manière générale, je me suis beaucoup plus amusé. Vu que c’était un projet « concept », on a vraiment joué le jeu jusqu’au bout. J’avais jamais pris le truc avec autant d’auto-dérision, donc ça a été l’occasion de le faire avec ce projet là. 

Tu es content des retours que tu reçois sur le projet ? 

Ouais franchement je suis grave content ! Puis c’est vrai que je suis quelqu’un qui a du mal à se satisfaire des petites victoires, je suis toujours sur le projet d’après avant même que j’en ai achevé un autre. Comme beaucoup d’artistes je pense je suis hyper sensible, hyper émotif, donc tous les retours positifs je les reçois avec plaisir pour l’instant. Et parfois même un retour négatif ça peut me détruire alors que c’est sain et constructif ! D’ailleurs on dit souvent que quand tu déranges c’est positif, mais quand tu sors un bébé comme celui-là que t’as gardé super longtemps au chaud, t’as un peu un baby blues en fait. 

Qui sont les anges gardiens dont tu parles dans l’intro du projet et dans plusieurs titres ?

Ce sont plusieurs personnes. Mon meilleur ami qui est aussi mon chef de projet qui s’appelle Léo, c’est aussi mes potes, notamment un garçon qui s’appelle Fabien et qui m’a enregistré gratuitement à 17 ans. Il m’a permis de croire en moi dans la musique. C’est aussi tous les gens des labels Sony et Universal avec qui je travaille pour me faire bénéficier de leur réseau et de m’amener vers des artistes, comme en Corée du Sud, que j’aurais jamais pu avoir sans eux, donc c’est hyper cool cet aspect-là dans les majors. C’est aussi tous les gens qui ont bossé sur les visuels, les attachés de presse, c’est juste beaucoup d’amour sur tous ceux qui ont rendu ça possible.

Est-ce que la dimension internationale de tous ces featurings se retrouve également dans les prods ? 

En vrai ouais ! Je pense que musicalement j’ai essayé de faire en sorte que ce soit quelque chose qui fasse voyager. Donc indirectement il y a certaines prods qui ont des couleurs qui sont assez en lien avec les pays en question. Il y a certains beatmakers avec qui je n’avais jamais travaillé, qui pour la plupart viennent de France, Belgique ou Suisse. Déjà que c’est super difficile de ramener des artistes d’un peu partout, ça me faisait un peu peur de ramener des beatmakers de chaque pays etc, c’était sans fin sinon.

Le nom de ce nouveau projet est aussi inspiré par la série de clips d’il y a deux ans lors de ta tournée nationale ? 

Exactement ! Le projet était un peu différent à l’époque, c’était un clip dans une ville différente de la tournée avec un réalisateur différent et le but c’était que toute la fanbase puisse voter pour leur clip préféré. Là c’est à peu près pareil, mais version monde et sans clip pour tous les titres. (rires)

Tu as aussi créé ton propre label, Paramour, dans lequel tu endosses une nouvelle responsabilité : celle de producteur. On a vu que tu produis notamment Sally. Tu peux me parler un petit peu de cette nouvelle activité ? 

Sally je l’ai par exemple découvert en décembre 2017, on a parlé assez longtemps jusqu’en avril 2018 et après elle est montée sur Paris, elle est allée en studio, et on a commencé à officialiser tout ça. Il y a des choses très intéressantes dans la production, notamment la dimension artistique forcément, c’est pour ça que je le fais d’ailleurs, pour donner des conseils. Mais après ça demande des responsabilités, de la compréhension d’un business qui n’est pas simple et parfois d’avoir le mauvais rôle ce qui est plus compliqué pour moi. En même temps, c’est hyper formateur. 

Multifacettes, tu as aussi lancé ta marque de vêtements. C’est un rêve devenu réalité pour toi et ton meilleur ami ? 

Pareil, à la base c’était plus un rêve qu’un projet. Doucement, à force de travail, de rencontre, de confiance donnée par des gens aussi, ça m’a permis de mettre ce projet sur pattes. C’était hyper long en terme de processus, mais c’était hyper excitant. J’avais un grand père tailleur, donc toute mon enfance je l’ai vu travailler le vêtement, je pense que ça a joué aussi. Ce truc de créer une marque à part entière, c’est trop cool, c’est pas juste du merch. On a une vision au long terme si possible, on veut vraiment instaurer la marque sur le long terme.

Tu es à l’origine du design et du choix des matières sur les collections notamment ? 

C’est un travail étroitement lié avec une équipe de créateurs suisse. Mais c’est sûr que le choix des collections, des items, des matières, c’est quelque chose qui nous a toujours tenu à coeur avec Théo, mon meilleur pote, donc on a toujours un regard là-dessus. 

Tu me parlais plus tôt de tes envies de découvrir de nouvelles choses… Tu as des idées ? Peut-être l’acting ? 

Ouais grave. C’est un truc que je connais, j’ai eu quelques expériences déjà et c’est en train de s’officialiser donc c’est assez excitant ! Après ouais, peut-être de l’écriture mais sur d’autres formats, de la réal, je sais pas trop !

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