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Le Motif : « Notre vie est ponctuée de relations et les relations ponctuent nos vies »

A l’occasion de la sortie de son EP « Première partie », Le Motif se confie à TRENDS autour d’une interview sans filtre.

TRENDS : Comme tu l’as déjà évoqué, tu as grandi dans une famille qui t’a permise de développer ta créativité et de t’intéresser aux arts, notamment à la musique. Est-ce que tu peux m’en dire plus ? 

Le Motif : Déjà, mon grand père paternel était un grand chanteur de rumba congolaise, il a sorti des dizaines d’albums et a majoritairement inspiré les artistes congolais modernes tels que Fally Ipupa et d’autres. Il y avait déjà ça dans la maison, en plus du fait que mes parents ont tenu à nous offrir des cadeaux, qui, au delà de nous faire plaisir, pouvaient nous aider à développer des passions, des talents. Quand on avait 6 ans, notre mère nous a offert des enregistreurs de cassettes sur lesquels on pouvait enregistrer nos voix, on s’amusait par exemple à enregistrer des chansonnettes… Ensuite à mes 16 ans, mon père m’a offert ce qu’on appelle une interface audio, un petit bidule que tu connectes à ton ordinateur et qui te permet de faire des prises de voix à haute qualité. Quand j’ai eu 18 ans, il m’a aussi offert l’autotune. Donc à chaque fois, c’était des cadeaux qui suscitaient ma créativité et ma curiosité. 

Est-ce que quand tu as reçu l’autotune, tu composais déjà ? 

Je composais déjà, mais étant piètre technicien audio, je ne chantais pas vraiment. Je me contentais de rapper, de kicker, quand mon père m’a offert l’autotune ça m’a ouvert un éventail de possibilités. J’ai commencé à faire beaucoup plus de mélodies, beaucoup plus de chansons basées sur la mélodie. Et pourtant j’étais triste, les gens autour de moi relevaient des voitures, des mobylettes, des chèques, des vacances… Moi je reçois un petit truc, mais parfois les plus petits cadeaux sont les plus beaux. 

« Ma love », c’était un délire à la base ? Est-ce que vous vous attendiez à ce qu’il prenne autant auprès du public avec Heezy Lee ?

On n’avait pas vraiment d’attente, surtout qu’on a sorti ce son pendant que je faisais ma série un son en un jour, donc c’était vraiment « Carpe diem », on le balançait sans recul. Quand « Ma Love » est sorti, j’ai même pas eu le temps de développer des attentes parce que les gens m’ont directement fait comprendre que c’était un tube. Et pour moi, le public a toujours raison donc si les gens disent que c’est lourd, c’est que ça l’est. Finalement ça nous a un peu dépassé, mais dans la vie faut pas être dans l’attente faut être dans l’acception, donc j’accepte que ce soit un hit (rires).

Tu as longtemps travaillé dans l’ombre : beatmaker, topliner, réalisateur de clips… Tu as participé au développement de la carrière de ta soeur Shay et aujourd’hui, tu développes la tienne. Pourquoi as-tu décider de devenir interprète après avoir longtemps produit pour d’autres ? 

Parce que d’un côté, j’ai toujours fait ça. Quand tu commences à faire de la musique, tu fais d’abord de la musique pour toi, t’imagines pas que tu vas pouvoir proposer tes prods ou des toplines à d’autres personnes. Il s’avère que ma soeur a décidé de sortir un album et vu qu’on était frères et soeur je l’ai aidé. Ça ne me pose aucun problème d’être derrière, je suis au service de la musique. Je me suis positionné là où elle avait besoin de moi et on a sorti des chansons. A un moment, je suis juste arrivé à un stade où les sons je rêvais de mettre au monde ne pouvaient pas être portés par d’autres artistes. J’ai essayé, ils me disaient « ça c’est pas pour moi, je me vois pas poser dessus », mais la réponse est simple : il n’y a que moi qui peut les interpréter. 

C’est à ce moment-là que tu as eu le déclic que tu n’avais pas eu avant ? 

Totalement, c’est à ce moment que je me suis dit : « J’ai envie que ces chansons existent, si je suis la seule personne qui peut faire exister ces chansons, bah je vais au charbon ! Je me dévoue ! » (rires). Et surtout je kiffe ça, quand tu crées pour toi c’est aussi plus rapide, plus facile. Je n’aurais pas pu faire « Un son en un jour » si je m’étais caché derrière un autre artiste. C’est aussi ce qui a pu me ralentir précédemment, la peur de se lancer, la peur de l’échec, la peur de suivre ses rêves.

Maintenant que vous êtes tous les deux interprètes avec Shay, est-ce qu’on peut espérer un featuring entre vous deux ?

C’est inévitable. Elle est juste encore un petit peu au dessus, je peux pas prétendre à son level. Il faut que je fasse mes armes, quand le moment sera opportun on fera un son, on en fera plusieurs même.

Est-ce qu’il y a des artistes ou des projets qui t’ont marqué, qui t’influencent peut-être dans ce que tu proposes aujourd’hui ?

Oui, parce qu’on est la somme de nos expériences. Tout ce que j’ai pu croiser, tout ce que j’ai pu expérimenter dans ma vie m’influence. Mais cette année un projet qui m’a vraiment envoyé du lourd c’est l’album de The Weeknd, c’est un artiste qui m’a toujours grandement inspiré !

Tu l’expliques dans le premier épisode de ta série #Un son par jour, tu as été ralenti par les grèves, puis par la pandémie, puis par les vacances d’été du côté des labels et des médias, avant de pouvoir enfin annoncer la sortie de ton projet. Cela n’a pas été trop difficile psychologiquement de devoir redoubler de patience avant de pouvoir annoncer la sortie de l’EP ?

Ca a été difficile, mais c’est relatif, toutes ces causes externes, on les a tous vécu. C’est la première fois que le monde entier partage une crise aussi grande en même temps dans les dix dernières années, je suis pas à plaindre parce que c’était encore pire pour énormément de monde. Ca peut créer des frustrations, des déceptions, mais t’as deux choix qui s’offrent à toi, sois tu te plains, soit tu te bouges et c’est ce que j’ai un peu l’idée avec la série sur Youtube « Un son par jour ». 

Quel est le son du projet dont tu es le plus fier ? 

« Playlist », le premier morceau du projet, que j’ai d’ailleurs sorti plus tôt cette année, est celui qui m’émeut le plus. Mais « Hiver Turquoise » est le titre qui me représente le mieux, mais peut-être pas celui qui me fait le plus délirer. « Toi qui décide », c’est le niveau sonore où j’ai envie d’emmener toutes mes chansons, j’ai ramené pas mal de musiciens sur ce titre-là. Donc en fait chaque titre est mon préféré, ils ont tous leurs identités.

On a l’impression que tu n’as aucune limite en terme de création, quand on regarde tes différents propositions jusqu’à maintenant, on passe sur des titres aux ambiances parfois très distinctes…

J’aime bien explorer ce que j’aime et j’aime autant les bangers que les sons acoustiques par exemple, ou que la pop et les titres plus rétros. J’aime faire ce que j’aime et c’est aussi con que ça ! Au même titre qu’il y a des artistes qui n’ont qu’un seul genre parce qu’ils n’aiment pas le reste, et c’est bien de savoir où tu peux aller, ce que tu peux ou ne pas faire. Moi en tout cas, j’ai envie de faire tout ce que j’aime et j’ai envie de quitter cette terre en ayant fait tout ce que je voulais. 

Tu parles aussi beaucoup d’amour dans ce projet, on sent par exemple que tu étais dans deux moods différents pour « Contagieux » et « Toi Qui Décide », pourtant dans les deux titres tu parles du même sujet, je me trompe ? 

Je pense que notre vie est ponctuée de relations et que les relations ponctuent nos vies. Première Partie c’est mon premier vrai projet, avant ça j’ai pas sorti de chansons où je me suis ouvert sur ma personne, donc je suis obligé de retranscrire ma vie, tout mon parcours jusque-là. Et mes relations amoureuses en font partie, c’est un peu les montagnes russes : il y a des années où c’était magnifique, des années où ça ne l’était pas. Des années où j’étais mature, d’autres pas du tout… C’est ça que j’explique dans le projet, je n’ai pas une seule conception de l’amour, j’ai tout un historique.

Quelle place occupe Junior à la Prod dans le développement de ton projet artistique, on dirait presque un duo ? 

Ouais, Junior à la Prod c’est quelqu’un qui est très important pour moi, je vais paraître « gnangnan », mais on s’aime vraiment comme des frères. S’il peut m’aider par le biais d’un conseil, d’une prod, d’une collaboration, il va le faire et réciproquement. Et sur Terre personne ne se fait tout seul et Junior à la Prod fait partie des gens qui m’ont toujours aidé. 

Comment tu as fait la rencontre de Meryl ? Votre collaboration « La Brume » est particulièrement réussie et elle apparaît aussi dans le clip de « Ma Love » révélé il y a quelques jours, vous semblez particulièrement proches…

Ma soeur l’avait fait venir pour bosser sur son projet Antidote, donc on s’était rencontrés en studio à ce moment-là. Et on s’est kiffé, elle a beaucoup d’ambition, m’a toujours parlé de son projet musical avant même de l’annoncer et je voulais l’accompagner et lui donner tous mes conseils pour qu’elle puisse mener son projet à bien. Je suis très reconnaissant de ce qu’elle est et je serai toujours là pour elle.

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