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Daniel Arsham en interview pour TRENDS : « Mon but est de créer des œuvres hors du temps, les rendre immortelles par l’art »

Interviewé par TRENDS dans le cadre de notre dernier numéro print, Daniel Arsham parle art et influences, une discussion à relire ici.

S’approprier la matière et le temps. Impossible ? Pourtant, au delà de l’atlantique, un artiste repense ce qui l’entoure avec érudition et – osons-le – une petite touche de magie. La vie, Daniel Arsham ne la perçoit pas comme vous, comme nous. Il imagine l’espace avec une maîtrise incroyable et permet aux érudits de l’art nouveau comme aux likers fous d’Instagram de trouver de nouvelles perspectives. De s’évader dans un univers ou la matière et l’instant n’a plus d’importance. Mais que se passe t-il, dans l’esprit de Daniel Arsham ?

Nous avons interviewé Daniel Arsham il y a quelques mois, dans le cadre d’une publication dans notre magazine print. Depuis, Daniel a multiplié les collaborations, avec Adidas, notamment. La vidéo ci dessus en est le fruit : « Hourglass » est un film retraçant la vie creative de Daniel Arsham. Il est divisé en trois parties – passé, présent et futur.

Le second chapitre d’Hourglass nommé « Présent » permettra à adidas de présenter leur seconde chaussure en collaboration entre Daniel Arsham, la « New York PRESENT ».

Je suis un artiste visuel de New-York, ma discipline englobe la beauté, le graphisme, les structures visuelles jusqu’à la cinématographie.

 

Qui étiez-vous quand vous étiez jeune ? Quand avez-vous découvert votre talent d’artiste ?

J’ai toujours eu un un intérêt général pour l’art, mais je me suis plus focalisé sur la photographie. Quand j’étais petit j’avais un ami qui partageait la même passion que moi. On a commencé à faire de la photo. Ma passion pour l’art a développé chez moi une passion pour l’architecture. De ce fait, j’ai étudié l’architecture. J’ai découvert que je n’avais pas la patience pour ça. J’avais un professeur qui m’a poussé à utiliser ce talent-là pour pouvoir m’exprimer moi-même, à travers l’art.

 

Dans vos oeuvres vous utilisez beaucoup d’objets de la culture pop, en passant du basketball à la caméra polaroïd. Pourquoi voulez-vous mettre en avant la street culture et la culture pop et pourquoi ces objets en particulier ? Quel est le rapport, le lien ?

Je choisis des objets iconiques, facilement reconnaissables et symboliques dans le temps, du présent comme du passé. Je travaille des objets qui sont considérés comme fonctionnellement archéologiques ou iconiques dans le présent. Je change la forme et la structure afin de rendre l’objet illogique en lui-même. Ces objets sont basés sur un choix symbolique et iconique, et combinés à la transformation de leur forme je leur donne une valeur artistique et je transforme ces objets du passé en des oeuvres hors du temps. Je les rends immortels.

 

Vous avez aussi fait de la scénographie pour une comédie musicale, quelle est l’importance de l’industrie de la musique dans votre art ?

J’ai toujours eu un intérêt pour la musique. Il y a beaucoup d’artistes qui sont venus me voir pour solliciter une collaboration pour leur œuvre musicale. J’ai ainsi pu acquérir de la notoriété, car j’ai pu mettre mon travail en exergue. En plus de la notoriété, ça m’a apporté
un public et des personnes qui reconnaissent mon travail. Certains artistes et fans n’étaient pas au courant de mon travail et grâce à ces œuvres et leur promotion j’ai pu atteindre un public plus large.

 

Vous vivez à New-York mais venez de Miami, pourquoi avoir choisi New-York, est-ce que cette ville vous donne plus d’inspiration ?

J’ai vécu un peu partout, j’ai beaucoup voyagé mais New-York est ma ville de résidence. C’est une ville cosmopolite et pleine d’inspirations. Sans oublier le côté stratégique car c’est une ville d’art et de culture, c’est une ville gigantesque. Tout le monde passe par New-York, du coup ça ma permis d’avoir plus de visibilité et de mieux promouvoir mon art. C’est un endroit où il y a beaucoup de débouchés pour ce que je fais. De toute façon à un moment ou à un autre tout le monde bouge du coup c’est sûr qu’un jour il tombe sur une de mes œuvres (rire).

 

Est-ce que vous vous imaginez vivre ailleurs, par exemple en France ou plus particulièrement à Paris ? Que pensez-vous de la créativité parisienne et comment la ressentez-vous ?

J’adore Paris, ma femme est française donc je passe beaucoup de temps à Paris. C’est l’une de mes villes de résidence. Cependant j’utiliserai toujours New-York comme base, le foyer de mon travail mais j’aime bien voyager.

 

Maintenant on va parler de vos collaborations, vous avez pas mal collaboré en scénographie, musique et presque dans tous les domaines artistiques. Cependant vous avez quand même réussi à garder votre signature, votre empreinte sur votre travail, comment faites-vous ? comment choisissez-vous vos collaborations et pourquoi ces choix ?

La plupart des personnes ou artistes avec qui je travaille sont des amis ou le deviennent. Et certaines personnes travaillent dans des disciplines différentes de la mienne. Architecture, photo ou peinture… et dans tous ces domaines en réalité, il a une seule chose constante qui définit mon style : la simplicité. Le design, la réduction et les palettes, qui sont des choses qui se regroupent au sein de mes œuvres, donnent ma signature si particulière.

« Mon but est de créer des œuvres hors du temps, les rendre immortelles par l’art »

 

Le monde de la mode, est-ce que vous ne pensez pas y faire carrière ?

J’adore la mode. J’ai énormément d’amis qui sont dans le milieu du design et de la mode, je trouve ça très intéressant mais je ne pense pas travailler dans ce domaine. Même si dans mon art on retrouve des tendances mode, ce que je fais reste de l’art avant tout. En studio, on porte des blouses blanches plus pour un aspect pratique et fonctionnel que pour refléter une tendance de mode.

 

Je sais que vous avez collaboré avec Pharell Williams, d’après ce que j’ai entendu vous vous êtes rencontrés lors d’un dîner. Vous avez fait une réplique d’un instrument de musique, comment est-ce-que ce genre d’amitié commence ?

Quand je l’ai rencontré il était déjà intéressé par l’art. Il est venu dans mon studio à de nombreuses reprises, on a parlé de collaborations sur plusieurs projets artistiques. J’ai créé une œuvre à partir de l’un de ses anciens claviers et, plus récemment j’ai performance musicale en collaboration avec un orchestre symphonique. C’est intéressant de travailler avec lui.

 

Pharrell vous décrit comme un maître de l’illusion ? Vous pensez que c’est le meilleur terme pour décrire votre travail ?e meilleur terme pour décrire votre travail ?

L’illusion ne décrit pas vraiment ment mon travail au contraire je veux que mes œuvres paraissent le plus réel possible et qu’on les sente comme tel. Je crois aussi que la science a une place majeure dans mon inspiration donc dans tout ce que je fais et plus particulièrement la science du futur, les voyages dans l’espace, les films de science fiction…

 

Quel est l’effet de la mode et de la musique sur votre univers créatif ? On a parlé d’Hedi Slimane et de Pharrell Williams qui sont des maîtres dans leur domaine, quel impact ont eu ces rencontres sur votre créativité ?
J’ai été vraiment chanceux d’être entouré par des génies, tellement doués et qui maîtrisent leur art. C’est super excitant de travailler avec ce genre d’artiste ! Lorsqu’une technique m’est étrangère, je consacre du temps pour comprendre comment faire pour l’incorporer à mon art et travail. Mais quand je crée mes œuvres, même si je pense qu’elles sont uniques, je m’inspire énormément des œuvres d’autres personnes.

 

Vous êtes très actif sur Instagram, quelle est la place des réseaux sociaux dans l’art d’après vous ? Il y a énormément d’artistes qui ont vu le jour en France grâce a Instagram, quelle est l’importance de ce média pour vous ?

D’une manière globale c’est un moyen de communication accessible a tous et qui permet d’exposer son travail. Et cela permet à des personnes vivant dans les endroits les plus reculés, et qui n’ont pas accès aux galeries d’art, de pouvoir profiter de mon travail.

Cela permet aussi d’avoir une audience mixte et tous les horizons. Même si mes collaborations dans les différents domaines notamment dans le monde de la mode ont permis une certaine visibilité sur Instagram, c’est un moyen de communication qui est utilisé par les jeunes. Malheureusement ils ne s’intéressent pas trop à l’art mais maintenant grâce à Instagram, ils peuvent quand même avoir accès à mon travail donc plus généralement au monde artistique. Je trouve cela satisfaisant dans un sens.

 

Vos œuvres exposent une vision futuriste du monde, cependant pourquoi cette vision est-elle si apocalyptique ?

Je ne le vois pas ainsi. Tout ce qu’on est, qu’on voit, qu’on produit va inévitable-
ment disparaitre ou être détruit. J’exprime une vision archéologique du présent. Je prends du recul sur le présent pour avoir une idée du futur et laisser
cela se refléter à travers mon travail.

« Le cinéma regroupe toutes les disciplines que j’apprécie : la photo, l’architecture, le design, la peinture, la scénographie… »

 

Pourquoi choisir de toujours travailler en tout blanc ou tout bleu ?

Les matériaux avec lesquels je travaille dictent le rendu final et je ne peux rien y changer. Cela me permet de faire une réduction de mon travail et de faire ressortir une simplicité plus accrue dans mes œuvres. Il faut surtout que les gens captent ce qu’il y a derrière l’idée au lieu de se focaliser sur une multitude de couleur.

 

Vous travaillez dans le monde du cinéma, un grand mélange des arts. Pensez-vous que travailler dans le monde du cinéma maintenant est un signe de maturité est-ce simplement un besoin pour vous ?

Le film a l’avantage de synthétiser tout mon travail et de regrouper tous mes centres d’intérêts : photographie, architecture, culture, peinture, design, scénographie. Une belle combinaison de tous les domaines dans lesquels j’apprécie travailler. Jusqu’à présent je n’ai fait que des courts métrages et maintenant j’essaye de voir plus grand.

 

 

Merci énormément pour cette interview, on adore ce que vous faites, chez Trends.

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