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Interview d’Asakura pour TRENDS : « Le projet Asakura c’est vraiment un projet familial »

À tout juste 21 ans, et en moins de trois mois, Asakura est devenu l’une des figures montantes du label Mercury Records

À tout juste 21 ans, et en moins de trois mois, il est devenu l’une des figures montantes du label Mercury Records. Venu comme un vent de fraîcheur sur le paysage urbain français, Asakura se démarque par son flow, son authenticité et son naturel. Instigateur d’un genre à part entière, pour lui le rap ne se crie pas, il se chuchote. Un rap dansant, imprégnés d’influences qui reflètent le riche univers du jeune Asakura.

 

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TRENDS : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous dire qui est Asakura ?

Asakura :  Je suis un jeune artiste, je fais de la musique depuis pas longtemps, depuis moins d’un an. J’ai sorti mon premier morceau en Août 2018, donc l’été dernier, et là je viens de signer chez Universal Music, je sors des morceaux régulièrement, et on prépare un projet en ce moment.

C’est vrai que t’es arrivé un peu de nulle part sur le paysage musical, d’où viens-tu ? Que faisais-tu avant de signer chez Universal ?

Moi j’ai 21 ans, et de base je ne viens pas du tout du milieu de la musique. Moi j’ai une formation d’acteur, de comédien et j’ai fait beaucoup de stand-up, pendant plus de 10 ans en fait. Et l’idée de faire de la musique elle est venue pendant l’été dernier et ça a pété, ça a fait beaucoup de streams, beaucoup de vues d’un coup donc je me suis dit on va foncer là-dedans, et là depuis je me suis vraiment focus sur la musique.

Est-ce que tu peux nous parler de ta carrière dans le stand-up ?

J’ai fait beaucoup de spectacles,  j’en ai fait énormément, ma passion de base moi c’était la scène, j’ai fait beaucoup de théâtre, la première fois que je suis monté sur scène j’avais 6 ou 7 ans. J’ai fait le cours Florent pendant deux ans à Paris, j’ai présenté beaucoup de spectacles notamment des spectacles solo, j’avais même fait un spectacle en duo, avec un autre humoriste qui aujourd’hui n’en fait plus. Et l’idée de faire de la musique est venue de là parce-que à la base je voulais faire un spectacle musical, faire en fait un spectacle de stand-up et mettre quelques morceaux à l’intérieur et en fait je me suis pris au jeu de faire des morceaux et j’en ai fait de plus en plus, jusqu’à ne plus faire que ça en fait et du coup j’ai décidé de sortir un morceau en Août et le premier morceau que j’ai sorti il a fait 2 millions de vues très rapidement donc on s’est dit on fonce là dedans.

Justement le premier son que tu sors c’est « Karaba », quelle a été ta réaction quand tu as vu que tu as atteint les 2 millions de vues en si peu de temps ?

J’ai été hyper étonné, parce-que avant je sortais beaucoup de vidéos, de courts-métrages, de sketchs, sur internet et ça dépassait jamais les 2 ou 3000 vues et en l’espace de 3 jours quand j’ai sorti Karaba on a fait 15 000 vues donc pour moi c’était déjà énorme. Et c’est souvent ce que je dis à mon équipe c’est que j’étais beaucoup plus heureux quand j’ai fait 10 000 vues que quand j’ai fait 1 million de vues, parce-que pour moi c’était impossible, c’était incroyable comme sensations.

Comment t’as fait pour que ça prenne à ce point là ?

Moi je pense qu’il y a pas de règles dans le fond, t’as des gens qui peuvent sortir 15 mixtapes 3 albums et que ça prenne jamais, et t’as d’autres gens qui peuvent sortir un freestyle comme j’ai fait et ça peut faire 100, 200 000 vues d’un coup. C’est chaud mais j’ai l’impression qu’il y a pas de règles, moi en tout cas j’ai l’impression.

Il y a un truc qui te différencie de pratiquement tous les artistes français, c’est ton flow, tu rappes quasiment en chuchotant, d’où t’es venue l’inspiration ? Est-ce que c’est venu d’artistes comme les Ying Yang Twins avec leur « Whisper Song » ?

Non même pas(rires), je ne connaissais même pas les Ying Yang Twins c’est à Universal qu’on m’en a parlé. Ce qui s’est passé c’est que c’était vraiment pour le morceau « Karaba » dans lequel je dis au début du morceau « Ouais venez on fait un afrotrap, mais on y va doucement, on crie pas », et c’est juste que quand j’ai posé dessus j’avais posé très doucement et je trouvais que ça glissait quoi et mon idée c’était de faire un morceau comme ça et après je reprendrai ma voix « normale » sur les autres morceaux. Et les gens ils se sont tellement arrêtés sur ça, et j’étais hyper étonné qu’ils s’arrêtent sur ça, que je me suis dit bon ça serait bête de ne pas aller dans cette direction donc j’ai plus travaillé ma voix, mes intonations, Soit je parle très doucement, soit avec une voix assez grave du coup tout ça je l’ai travaillé en fait je me suis dit autant continuer là dedans ça peut être ma marque de fabrique.

Comment tu fais pour avoir cette voix-là, est-ce qu’il y a des filtres, des effets à rajouter ?

Non c’est plutôt au mix du morceau, la voix elle est assez forte dans le mix, on pousse la voix, mais il n’y a aucun truquage ou quoi, c’est vraiment un truc qui se passe au niveau de ma gorge et naturellement j’aggrave ma voix volontairement quand je passe devant le micro, mais il n’y a pas de filtres.

Tu dis que tu ne t’es pas inspiré des Ying Yang Twins, mais est-ce que tu as d’autres artistes qui t’inspirent en France ou aux ailleurs, que ça soit par la personnalité, le parcours, le style ?

Un artiste qui m’inspire dans la musique ? Pas forcément. Après il y a beaucoup d’artistes que je respecte, mais si je parle juste de la création musicale il n’y en a pas qui m’inspire vraiment, c’est plus dans l’état d’esprit ou dans la mentalité qu’il y a plein de gens qui m’inspirent que ça soit dans la musique, ou dans le théâtre, comme moi je viens du théâtre. Mon inspiration principale c’est Alexandre Astier, c’est vraiment mon inspiration principale dans cette manière de tout faire soi-même, c’est pour ça que j’ai fait tous mes clips, je fais tous mes montages, je fais tout avec mon cadreur et photographe Léo Oderkeken. Mais dans la musique y’a beaucoup de personnalités qui m’ont inspiré, comme Fianso, je sais que les interviews de Fianso elles m’ont beaucoup inspirées. La deter’, la determination moi c’est un truc qui me parle énormément, Krisy beaucoup aussi dans la manière de tout faire soi-même, de pas attendre. Mais oui c’est plus dans l’état d’esprit, la mentalité, que dans la musique à part entière.

Quand on écoute tes sons, on a qu’une seule envie c’est de danser, ton ambition première pour ta  musique ça serait de pouvoir ambiancer les gens ? Faire du son qui pourrait passer en club ? Ou est-ce que tu aimerais commencer comme ça et essayer d’emprunter une autre direction plus tard, peut-être plus engagée ou autres ?

Engagée j’en sais rien, mais après j’ai vraiment des histoires personnelles que j’ai envie de raconter mais c’est pas pour tout de suite. Pour l’instant on fait vraiment des sons qui sont axés club, dansants, et quand le projet arrivera c’est là où je vais pouvoir me permettre d’aller vers d’autres terrains, d’autres sonorités mais pour l’instant même si ça a fait pas mal de vues et tout, je suis encore inconnu du grand public, donc pour l’instant j’ai besoin d’accrocher les gens et en faisant cette musique « clubs » j’ai l’impression que ça marche, et j’aime beaucoup aussi faire ce genre de son donc on y va.

Quand tu parles d’autres genres musicaux est-ce que tu en as déjà essayé ?

Oui bien sûr on a beaucoup de morceaux qui sont différents, là par exemple je vais sortir un morceau qui s’appelle Dope, qui est un morceau beaucoup plus chill, beaucoup plus musical où je chante plus. J’ai récemment fait un son où on a fait un piano-voix, des sons beaucoup plus posés, beaucoup plus mélodieux, donc ouais on a pas mal de choses en réserve mais c’est pas pour tout de suite.

Pourquoi t’as voulu faire de l’afro trap ?

Bah je considère pas faire de l’afro-trap, enfin, pour « Karaba » c’est ce que je dis parce-que c’était un type beat d’internet afro-trap que j’aimais bien, mais les autres morceaux que j’ai sorti je considère pas ça comme de l’afro-trap. « Tekale » par exemple c’est pas de l’afro, « ASMR », c’est pas de l’afro non plus, il y a des rythmiques qui font penser, mais c’est pas foncièrement de l’afro.

Justement « Tekale » ça veut dire quoi ?

« Tekale » ça veut dire bouge, genre « décale ». C’est une expression qu’on utilisait souvent et je sais pas quand j’ai fait le morceau avec Skunna c’est un gimmick qui m’est revenu directement et j’ai cherché sur Youtube si il y avait pas d’autres morceaux qui s’appelaient comme ça et j’ai vu que non donc j’ai dit vas-y on va prendre ça.

Comment s’est faite la connexion avec SkunnaBoi ?

Skunna je l’ai rencontré via Universal Music, c’est le premier compositeur avec qui j’ai travaillé, parce-que avant j’utilisais que des type beats, des prods sur Youtube et Skunna c’est le premier compositeur avec qui j’ai travaillé, on s’entend super bien, moi j’aime beaucoup ce qu’il fait, il a commencé il y a 4 ans,  il est vraiment super fort. J’ai travaillé aussi beaucoup avec Le Side qui est un collectif de beatmakers, qui ont travaillé beaucoup avec Aya Nakamura, O’boy et tout donc j’ai travaillé essentiellement avec Skunna et Le Side.

Et ça a tout de suite matché ?

Ouais carrément, j’ai travaillé avec d’autres compositeurs, j’ai vu d’autres mecs super forts  avec qui je m’entends bien Young G, Dimad, j’en ai vu pas mal, mais c’est vraiment avec ces compositeurs que ça match le mieux.

Il y a beaucoup de références aux dessins animés et aux mangas, dans tes morceaux que ça soit Karaba, Shinzo, Toupou même, c’était important pour toi de garder ce côté infantile ?

En fait ce qui m’intéressait c’était d’avoir des paroles un peu cryptées, un peu codées, où on n’a pas toujours les références, ça m’amuse en fait. Ca m’amuse de pouvoir utiliser des références comme Shinzo, Toupour c’est des trucs que pas tout le monde connaît, et ça m’intéressait d’avoir des textes qui puissent être turn-up et en même temps codés un peu.

C’est vrai que t’es un peu en mode ego trip, mais tu dis « Je suis méchant comme Carlo » en référence à Bob l’éponge ?

Alors c’est même pas Carlo de Bob l’éponge, c’est Basil Karlo, alors là cette référence faut faire attention (rires), parce-que moi j’ai une passion pour les comics et Basil Karlo c’est un méchant dans l’univers de Batman. Attention si tu suis pas, tu suis pas (rires). Mais ouais y’a beaucoup de références, ça m’amuse il y en a qui captent d’autres qui ne voient pas, mais pour la suite il y aura des textes plus clairs, plus faciles à comprendre, mais pour ces premiers morceaux ça m’amusait de jouer avec ces références.

Tu es aussi fan de manga, d’où le nom Asakura ?

Ouais ça vient du manga Shaman Kings, et en fait moi je m’appelle Yohann, et le personnage principal de Shaman King s’appelle Yo Asakura, et quand j’étais petit je trouvais ça incroyable qu’il y ait un personnage de manga qui porte le même nom que moi. Parce-que tu sais en tant que petit renoi quand t’es petit t’as pas trop de personnages auxquels t’identifier et on se posait pas la question tu vois, quand on adorait Spiderman, Spiderman était blanc et on s’en foutait, on se posait pas la question. Mais c’est vrai que du coup d’avoir un personnage qui porte presque le même nom que moi je trouvais ça incroyable. Et du coup quand j’ai voulu faire de la musique, le nom il m’est revenu direct et j’ai dit on va prendre ça.

Tu as sorti tes premiers sons via Spin Up, 6 mois après tu te retrouves chez Universal …

Alors c’était même pas 6 mois c’est deux mois après que j’ai signé, parce-que mon premier son je l’ai sorti en Août et j’ai fait le premier rendez-vous avec la maison de disque en septembre, et quand on a signé officiellement c’était fin octobre, début novembre donc en trois mois quoi.

Comment tu te sens à ce moment-là ?

En vrai j’étais dépassé hein. J’étais dépassé parce-que moi j’ai posté sur Spinup qui est une plateforme pour distribuer des sons mais je savais même pas que c’était lié à Universal. En fait moi j’ai posté sur Spinup parce-que c’était simple, parce-que en tant qu’auditeur dès fois quand je trouve des morceaux sur Youtube que je kiffe et qui ne sont pas sur les plateformes je trouve ça c’est relou, si tu veux sortir de chez toi et écouter, t’es obligé d’utiliser ta 4G, donc j’ai dit si ça fait 10 000 vues je le poste sur les plateformes, et au bout de trois jours ça a fait 10 000 vues. Donc après j’ai posté et j’ai plus calculé, et du coup il y a Noémie de chez Spinup qui travaille avec moi maintenant qui m’a contacté au bout d’un mois qui m’a dit « Ouais on adore le son, il y a plusieurs DA de chez Universal qui adorent le son aussi, il faudrait qu’on se rencontre.» Et je suis venu ici toute une journée, j’ai vu quasiment tous les labels d’Universal et voilà c’est comme ça que ça s’est fait. »

Tu disais que c’est toi qui était derrière le montage de tes clips etc, c’était important de garder ta patte un peu partout ?

C’est pas que c’était important c’est qu’il y avait pas le choix en fait si je le faisais pas personne n’allait le faire. Donc c’était obligé parce-que j’avais pas d’équipe,  je faisais pas du tout de musique, j’avais juste mon pote Léo qui est un super photographe avec qui je m’entends très bien, avec qui je bossais avant quand on faisait des cours métrages et tout du coup c’ était logique pour moi de faire ça avec lui. Et y’avais pas d’autres choix en fait, c’était soit on le faisait soit y’avait pas de vidéos (rires).

Et ceux qu’on voit sur tes clips c’est ton équipe aussi ?

Ouais il y a ma petite sœur, il y a mes cousins, avec qui on est nés ensemble, on se connaît littéralement depuis que j’ai une heure (rires). On a vraiment grandit ensemble, et le projet Asakura je voulais vraiment que ça soit un projet familial, on a tourné le premier clip on était en vacances tous ensemble quand on a tourné Karaba vraiment on a tourné rapidement comme ça, et je sais pas c’est devenu un petit rituel de dire bon bah on va faire un clip on va être ensemble c’est un peu mon porte bonheur, je me dis putain si demain je sors un clip ils sont pas là j’ai chaud un peu mais ouais c’est un projet familial, il y a ma sœur aussi.

Concernant ton son « ASMR », tu le sors le même jour à la même heure que 21 Savage qui sort un titre du même nom, comment t’expliques ça, c’est les grands esprits qui se rencontrent ? Ça a fait une petite polémique en plus.

Ouais il y a eu une petite polémique d’ailleurs, et en plus j’en parle dans le prochain son « Dope », il y a une phase sur ça. Ah mais j’allais péter un câble, j’allais péter un câble parce-que moi je sors le clip d’ »ASMR » le 21 Décembre et 21 Savage il sort le son « asmr » le 21 Décembre aussi et j’ai dit ohlala. Parce-que les gens, et tu peux pas leur en vouloir, ils vont pas aller faire la recherche sur Itunes pour voir quand le son est sorti mais nous on le sait donc c’est rageant et du coup les 3-4 premiers jours sur Youtube je reçois que « Ouais plagiat ! plagiat ! plagiat » et c’était frustrant donc j’ai mis une petite story sur instagram et après ça s’est estompé parce-que les gens ont compris déjà que le son n’a rien à voir et que c’est sorti le même jour. Et ouais mais c’était frustrant, c’était chiant parce-que le son on l’avait depuis un petit moment, le clip aussi et tout… mais bon heureusement que c’est pas sorti un jour après ou deux jours après parce-que là ça aurait été compliqué.

Sur instagram tu avais également posté une story où tu disais que t’avais fait ton vœu le plus fou pour 2019, est-ce que ça concerne la musique ?

Ouais bien sur ça concerne plein de trucs, ça concerne forcément la musique.

Et est-ce que tu penses être la bonne voie pour réaliser ton vœu ?

J’en sais rien, on va voir, on va travailler pour, mais j’espère en tout cas.

Propos recueillis par Anaïs Merad

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