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sean : « Pour moi, on est tous à moitié-loups »

L’artiste qui vient de révéler sa nouvelle mixtape « A moitié loup », se confie auprès de TRENDS sur sa musique et l’univers de son projet.

Découvert par le plus grand nombre avant l’été 2019 et la sortie de son EP Mercutio, sean est un personnage à part dans ce vaste rap français. Originaire de la banlieue parisienne, l’artiste qui cultive un personnage mystérieux, à mi-chemin entre l’humain, le digital et l’animal, a commencé à rapper dès l’âge de 12 ans aux côtés de son meilleur ami : devenu depuis son manager. Inspiré par des artistes tels que la Sexion d’Assaut ou encore Serge Gainsbourg pendant son adolescence, l’homme à la plume aiguisée et aux flows affirmés est désormais signé auprès de Nice Prod et propose aujourd’hui la première partie de sa nouvelle mixtape : A moitié Loup. Un projet qui porte bien son nom et dont la deuxième partie sera révélée le 24 avril prochain. Pour l’occasion, sean se confie à TRENDS autour d’un entretien sans filtre.

TRENDS : Pour commencer l’interview, on aimerait te demander dans quel état d’esprit tu es, quelques heures avant la sortie de ta mixtape ?

sean : Je suis trop content, ça me fait trop plaisir. C’est chiant que le projet sorte pendant le confinement, mais on reste trop contents. C’est la première fois qu’on finit une oeuvre dans sa globalité, que ce soit dans l’image ou dans la musique. Avec Mercutio il y avait un concept, mais je trouve qu’on a peut-être pas poussé le truc assez loin. Là, on est vraiment allés jusqu’au bout du truc : du tracklisting jusqu’à la sortie, qui est faite par rapport au concept du projet. 

Le deuxième extrait éponyme que tu viens de révéler se dote d’ailleurs d’un clip incroyablement réalisé par Lokmane…

Je l’ai rencontré il y a à peu près deux mois et en fait c’est un des réalisateurs avec qui je voulais vraiment bosser. Je lui ai directement expliqué tout le concept du projet et les ambitions que j’avais. J’avais ce track éponyme, « A moitié Loup », dont le clip devait retracer toute l’identité du projet. Je lui ai envoyé tous les détails et tout ce que j’imaginais pour le visualiser. Et pour la première fois, je me suis totalement laissé guider par le réalisateur : Lokmane. Il a imaginé quelque chose qui est intégralement sorti de sa tête, du stylisme à la réal et je lui ai totalement fait confiance. Tout ce qu’il a mis dans le clip, ça me ressemble, j’ai l’impression qu’on a un peu la même vision. Franchement, je crois que j’ai trouvé mon binôme ! Il y a de fortes chances pour qu’on retravaille ensemble !

Quels sont tes objectifs avec cette mixtape ? 

Pour l’instant, je veux juste faire ce qui me plait, en totale indépendance. On a envie de faire des choses qui nous ressemblent avec mon manager, de proposer des univers où il y a de la narration et un côté complexe, mais ça reste un travail de niche. Le but, c’est aussi de se diriger vers le mainstream quand j’aurais les cartes en main pour pouvoir le faire et côtoyer les plus grands. A ce moment-là, les gens pourront aller voir ce que j’ai fait avant et ils pourront se dire que je ne fais pas que du raggaeton tu vois. 

Tu chantes, tu rappes, tu joues avec les effets, c’est un univers vraiment différent de ce qui se fait actuellement. Est-ce que d’ailleurs tu te considères comme un rappeur, ou comme un artiste hybride si on peut dire ?

Je préfère laisser les gens se faire leur propre idée sur qui je suis. Moi, je considère que parfois je rappe, parfois je chante. J’ai plusieurs palettes je pense, mais je préfère parler de ma musique et de ce que je défend, plutôt que des défendre mes opinions personnels et ma personnalité. 

Tu as sorti ton premier EP en juin dernier, dont le titre fait référence à un personnage de Shakespeare dans Roméo et Juliette. Avec cette nouvelle mixtape, tu ouvres un nouveau chapitre ? 

On a beaucoup communiqué sur le fait que Mercutio soit mort, en reprenant un peu le concept que David Bowie avait amené avec ‘Rock’n’roll suicide’. En fait, c’est une lettre où Ziggy Stardust, le personnage qu’il avait adopté pour l’un de ses albums, dit qu’il part et se suicide, ça clôturait un chapitre. C’est un peu ce que j’ai voulu faire en tuant Mercutio : une sorte d’exorcisation. On entendra plus jamais parler de Mercutio, et je pense d’ailleurs que ce sera pareil avec tous les prochains chapitres… C’est important de se renouveler, d’inventer de nouveaux personnages. Moi, ça me fait kiffer. 

crédit photo : Charly Ferrante.

Il y a un côté un peu fantastique, mythique et narré avec cette mixtape et la figure du Loup Garou majoritairement exploitée. C’est volontaire ?

C’est plus fantastique que littéraire en vrai, parce que moi j’ai plus été touché par les histoires d’animés quand j’étais plus jeune, où tu retrouves des histoires magnifiques (autant que dans les livres) plus que par la lecture de livres. J’ai évidemment lu certains livres qu’on m’a donné à lire à l’école, ou d’autres que mes proches m’avaient donné, mais je suis pas un féru de littérature. Et je veux pas non plus qu’on me colle à cette image. Mais ça reste quelque chose que beaucoup d’artistes ont exploité il y a quelques années, même si ça ne se fait plus trop dans le rap français actuellement. Je peux citer Serge Gainsbourg, Gorillaz… Ils se sont toujours renouvelés. 

Pourquoi avoir exploité le mythe du loup-garou ? En quoi est-ce évocateur pour toi ?

On a choisi ce mythe du loup garou parce qu’on s’est rendus compte que dans mes textes, je parle beaucoup de la lune. On trouvait que la transformation nocturne, c’était une belle image. On passe aussi de Mercutio à quelque chose de complètement différent. Je trouve qu’avec les sorties qui vont arriver, A moitié Loup est beaucoup plus ouvert que ce que j’ai proposé avant. Donc ça peut aussi représenter cette transformation, cette évolution là. On a aussi repris ce concept du loup et surtout de la moitié-loup, pour parler de l’animosité et de l’humain qui travaillent dans un même corps, d’ailleurs dans chacun de nous. Pour moi, on est tous à moitié-loups. Et même s’il y a plein d’interprétations qu’on peut donner à ce titre, à mon sens il représente vraiment ce côté instinctif que tout le monde a et que les personnes cherchent à cacher dans certaines situations. 

crédit photo : Maxence & Jonas.

Ce côté instinctif et primitif va d’ailleurs s’exprimer différemment en fonction de chacun de nous et de nos personnalités…

Exactement. C’est pour ça que dans le clip on a des transformations imagées. Comme celle de la meute, représentée par trois personnages secondaires qui tournent autour de moi et qui se transforment par jalousie. Leur transformation est ratée, puisqu’ils deviennent des chimères, tandis que le sean du clip représente la transformation parfaite d’un A moitié Loup. Comme pour représenter le plagiat des artistes qui copient, ceux qui rentrent dans un moule juste parce que ça marche, l’égo, ou la jalousie…

Je tiens à préciser que le clip reste une satyre de la société et qu’il ne me représente pas du tout (rire), je ne veux pas qu’on le prenne comme quelque chose d’antipathique ou qu’on imagine que c’est quelque chose que je fantasme. C’est un peu pour dire que la nouvelle religion aujourd’hui, c’est la célébrité… Les gens peuvent être aimés ou détestés d’une seconde à l’autre.

Malgré ce côté très fictif de ton écriture, on ressent de l’introspection dans ce projet. Notamment quand tu parles d’amour, je pense qu’on n’invente pas ce genre de choses…

Ca reste très introspectif, mais j’essaie de le masquer en parlant de choses que j’ai vécu à travers d’autres personnages. C’est pour pas trop me mouiller au final (rires). Mais c’est vrai que pour Temps d’un Eté et 30 ans, ça reste la même histoire. Celle d’une histoire très brève, très intense, très personnelle, qui n’a pas duré longtemps, qui s’est très vite éteinte mais qui reste un de mes plus beaux souvenirs d’amour. 

Même si tu voulais pas faire de chanson d’amour, il y a quand même quelques morceaux sur le sujet…

Je l’ai quand même un peu fait… Mais je lui ai pas fait à elle ! En fait c’est ça. J’en ferai, des chansons d’amour, mais puisqu’elle ne veut pas d’amour, pourquoi je lui ferai une chanson d’amour ? Je ne lui ferai pas. Par égo, ou par triste fierté…

crédit photo : Maxence & Jonas.

J’ai l’impression que le projet est délimité en deux parties, avec une première qui s’arrête à Le temps d’un été, et la seconde qui débute avec A moitié loup, je me trompe ? On sent une première partie de projet assez ensoleillée avec des sonorités estivales, et une ambiance plus sombre sur les derniers titres

C’était pas forcément volontaire, ça s’est fait dans le tracklisting final. En gros, on a voulu en mettre un peu des deux dans chaque moitié. Si on l’a séparé en deux moitié, c’est parce qu’on a encore une fois cette partie humaine qui se manifeste sur la première partie du projet, ainsi que le côté beaucoup plus sombre et animal qui s’exprimera sur la deuxième partie avec 30 ans, Sur la Moon…  Du coup, c’est la partie lycanthrope que vous découvrirez le 24. L’ensemble est beaucoup plus séparé par ces deux sorties distinctes, que dans la continuité du projet si on assemble les deux parties.

On a essayé de faire en sorte que la première partie et la seconde s’opposent, tout en se rassemblant dans le même temps : dans les sonorités, autant que dans le message. Par exemple, Prix à payer et 30 ans (morceau de la seconde partie de la mixtape, ndlr) forment une sorte de couple, 30 ans vient répondre au premier morceau : ici le prix à payer c’est de mourir à 30 ans, et elle ne veut pas mourir avant la trentaine. J’ai reproduis ce concept avec Chanson d’amour et Sur la moon et d’ailleurs chaque titre se complète avec un autre.

Comment tu as-tu rencontré Yann Dakta et Rednose, avec qui tu as produit Santa Muerte ?

Je me suis retrouvé dans leurs studios, on a commencé à bosser des sons ensemble et ils ont été grave sympas avec moi alors que j’avais encore pas sorti grand chose. Ils m’ont vraiment pris sous leurs ailes, ils m’ont mis à l’aise et m’ont dit de venir quand je voulais au studio, donc à un moment j’y allais beaucoup. On a fait plein de titres ensemble, c’est d’ailleurs là-bas qu’on a fait le feat avec Azuul. C’était une putain d’opportunité, je les considère un peu comme des tontons qui m’apprennent plein de trucs tout le temps. Ils ont produit Laquelle aussi et plusieurs autres morceaux qu’on sortira sûrement dans les prochains projets. C’est vraiment des producteurs avec lesquels je vais continuer de travailler. C’est un pur kiffe de travailler dans leur studio, t’as l’impression d’être dans Empire, t’es comme un enfant !

crédit photo : Maxence et Jonas.

Je vois qu’il y a un featuring avec Azuul Smith, comment vous vous êtes connectés ?

C’est un artiste vraiment talentueux et smart que j’écoute depuis longtemps, malgré le fait qu’il ai fait une petite pause. C’est ma cheffe de projet qui nous a mis en relation, puis après le feeling est bien passé sur Insta. On a clippé le son, « Hiver », en Colombie le mois dernier. Franchement… C’est trop beau. J’avais un peu peur qu’on aille dans un truc déjà-vu, drogue, favelas, armes et tout… En vrai c’est pas du tout ça. On a montré une autre facette de ces quartiers, on a fait une soirée dans les favelas (rires) ! C’était vraiment trop golri ! On a eu trop de chance, parce qu’on est partis un mois avant le confinement. C’est bien de se préparer en avance, comme ça en cas de troisième guerre mondiale, on continuera à sortir des sons ! (rires)

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter du coup pour les mois à venir ? Le succès ?

Du bonheur, de l’argent, la santé… Et du succès oui quand même !

Interview rédigée par Romane Dvl.

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