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Francis : « La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle »

A l’occasion de la sortie prochaine de son projet ‘Lima Hotel vol.2’, Francis s’est confié à TRENDS autour d’un entretien téléphonique.

Après avoir sorti son projet Lima Hotel l’année dernière, le havrais Francis sortira le 26 avril sa toute nouvelle mixtape : Lima Hotel 2. Artiste complet et accompli, Francis mélange satyre, ego-trip, mélancolie et conscience dans un rap toujours agrémenté de refrains mélodieux. Un personnage nonchalant, mais pas moins productif, qui représente le parfait lazy boy des années 90. Après avoir déjà livré les extraits « Où elle est » et « Jeune MC« , Francis se confie donc à TRENDS autour d’un entretien décomplexé.

TRENDS : Pourquoi avoir changé de nom, toi qui a commencé ta carrière en tant que DEF ? C’était pour marquer un changement dans ta carrière musicale ? 

Francis : C’est exactement ça, moi je m’appelle Francis, donc on m’a tout le temps appelé DEF parce que c’était mon nom de scène, mais également les initiales de mon nom. J’avais fait ma période rap underground et je voulais repartir à 0 sur de nouvelles bases. J’avais plus trop envie de me cacher derrière un blase et j’avais envie d’une identité plus décomplexée et plus assumée.

Cela semble faire de nombreuses années que tu explores le rap. A quel moment as-tu commencé à faire de la musique ? 

J’ai commencé quand j’avais 17 ans. J’ai re-rencontré mon meilleur ami d’enfance que j’avais pas vu pendant des années, du coup comme on s’était tous les deux mis dans la musique on s’est mis ensemble dans le rap. C’était à l’époque de MySpace donc on avait fait un petit duo, mais il n’y a plus de traces et tant mieux à la limite…

Tu es un fervent représentant du boom-bap et du rap conscient. Est-ce qu’il y a des artistes qui t’ont inspiré plus que d’autres ? Des artistes qui t’ont peut-être donner envie de de te lancer ? 

Dans l’écriture, j’ai plus été inspiré par la chanson française que par le rap. Je m’étais dit ‘quitte à faire de la chanson française engagée et consciente, autant utiliser le rap’, qui me le permettait le mieux. En terme de liberté d’écriture, des structures, du langage, tu dis un peu ce que tu veux et c’est cool. Sinon de grands artistes comme Ärsenik ou Oxmo ont pu m’inspirer, même la Scred Connexion ou La Boussole au Havre, Médine… Le Havre a aussi formé une école d’artistes qui créaient dans leur coin, avec cet état d’esprit très rockeur, très skateur, très californien comme j’aime le dire. On est sur la côté ouest, c’est très béton et en même temps très plage. Il y a deux contrastes dans cette ville, mais tout le monde a toujours bien vécu ensemble. 

Comment tu définirais ton personnage, qui j’imagine doit avoir changé au fil des années ?

J’ai absolument pas changé de qui j’étais. J’ai peut-être une approche musicale différente, idem au niveau de l’image, mais je reste très authentique. Je pense que l’univers se décolle dès que l’on m’écoute, j’ai pas l’impression d’avoir tant de barrières que ça. J’aime toujours aller plus loin, tester de nouvelles choses. La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. 

Tu as donc sorti Lima Hotel volume 1 l’année dernière, et tu t’apprêtes à dévoiler la suite du projet le 26 avril. Pourquoi avoir attribué ce titre à cette série ?

Lima Hotel, ça veut dire LH, les initiales du Havre. J’ai toujours été attaché à ma ville, de par son histoire et la mienne, et aussi le fait que j’y vis toujours. Dans l’alphabet international, Lima c’est L, et Hotel c’est le H. A la base, c’était pour une punchline que je voulais faire et que j’ai fait dans Lima Hotel volume 1, où je dis « Foxtrot, Roméo, Alpha, November, Charlie, India, Sierra » et en fait j’épelle le « F-r-a-n-c-i-s ». Du coup je trouvais que ça sonnait bien et c’est comme ça que j’ai trouvé le nom du projet et de son univers. 

De qui tu t’es entouré pour les prods de ce projet ? Tu as l’habitude de bosser avec les mêmes personnes ou tu ne mets pas de barrière à ce niveau là ?

Je me suis entouré de Proof, c’est quelqu’un qui crée beaucoup au sein de mon label. J’ai une prod de Bilel aussi, qui est un jeune beatmaker qui bosse avec nous maintenant et qui produit pour plein d’autres artistes. J’ai bossé aussi avec Make A Meal, c’est le Dj sur scène de Sally… 

Les affiches de films « Léon » ou « Rocky » placardées sur le mur de la pochette de ton projet, c’est du hasard ou c’est bien réfléchi ? 

C’est les références que je voulais, parce que ce sont des films cultes que j’adore. Ca définit aussi bien le côté solitaire que j’ai : je n’ai pas de collectif, pas de clan, je ne suis pas affilié à un rappeur.  

Tu figures sur l’album « Nous sommes » de BRAV, tu as aussi participé au Planète Rap de Lord Esperanza. Pourtant, pas de featuring sur ce projet ! C’est un choix ? 

C’est pas tellement une question de choix. Je fais beaucoup de morceaux et les artistes avec qui je veux collaborer varient en fonction des rencontres, des moments… J’ai pas couru derrière le featuring. Après j’ai des demandes et je suis ouvert aux bonnes opportunités !

Chaque titre se distingue bien et on remarque une belle musicalité dans chacun d’entre eux. C’est important pour toi d’allier le fond et la forme, d’apporter ces refrains chantés et ces mélodies ? 

J’ai toujours chanté, c’est assumé et c’est aussi issu des influences. Je trouve que c’est la meilleure fusion, quand tu allies les paroles et la mélodie, quand tu la réécoutes et que tu découvres d’autres émotions… Le but de la musique pour moi, c’est d’être déclencheur de sensations fortes, même si certaines ont moins de fond ou sont faites pour danser. Mais le meilleur mélange, c’est de trouver ce juste milieu entre la mélodie et le fond.

Tu parles de violence policière, de discrimination sociale et d’injustice dans où « Où elle est ». C’est d’ailleurs des choses que tu continues de dénoncer…

C’est toujours important de parler de quelque chose et surtout de son point de vue. Les choses qu’on entend dans mes morceaux ce sont des choses que j’ai envie de crier plus fort que les autres. Amalgames, violences policières, débats sur les plateaux télés, choses dont on ne parle jamais… Le rap permet aussi de porter toutes ces causes à la lumière. 

D’ailleurs toi qui était très engagé et plus énervé dans tes précédents titres et sous le blase DEF, tu sembles apporter plus de légèreté à textes aujourd’hui… Tu cherches aussi à viser une audience plus large ? 

Je suis peut-peut-être un peu moins énervé que sur mon premier album. C’était un gamin de 20 ans révolté, qui prenait conscience des inégalités globales, qui était inquiet, il y avait ce côté très jeunesse incandescent. Derrière, la musique a aussi beaucoup changé notamment en terme de format. Les musiques aux textes trop lourds, qui prennent la tête, ont du mal à perdurer sur des formats à 2min30, 2min50… J’ai fait comme un boulot de synthèse, j’ai simplifié mon écriture. J’ai aussi moins envie de prendre la tête aux gens qui m’écoutent. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année ? Des scènes prévues tout de même ?

J’ai des scènes déjà annulées… C’est le jeu, c’est pour tout le monde pareil, tout est reporté. On verra à la rentrée, pour l’instant rien n’est planifié. J’espère beaucoup de dates et on verra comment le milieu de la musique va s’organiser pour qu’on reprenne dans de bonnes conditions ! 

Interview rédigée par Romane Dvl.

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