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Aladin 135 - TRENDS

Interviews

Aladin 135 : « J’aime bien maîtriser ce que je donne au public »

Alors qu’il sort aujourd’hui son album « Phantom », sur lequel on retrouve Hooss, PLK, Roms et Laylow, Aladin 135 se confie à TRENDS dans dans le cadre d’un entretien sans filtre.

Aladin 135 - TRENDS

TRENDS : Comment est-ce qu’on arrive à faire preuve de longévité après plus de sept années dans la musique ? 

Aladin 135 : En vrai ça fait 7 ans que je suis dans le son, mais au début c’était vraiment un délire entre potes, on rigolait, on se mettait des sons sur internet, on voulait juste s’amuser un peu tu vois. On avait quoi, 16-17 ans et c’était l’époque du freestyle, de la démonstration etc, donc nous on a juste envoyé des sons histoire de voir et c’est un peu sans s’y attendre que c’est devenu sérieux malgré nous. 

C’est pas trop difficile de se renouveler et de rester dans l’ère du temps ?

C’est difficile de se renouveler, faut passer des caps, des générations, essayer de renouveler sa musique tout en gardant la même ligne de conduite, le même univers. Après ça dépend, il y a des artistes qui envoient beaucoup de contenu et qui évoluent de manière significative, ça se voit dans le temps. Après moi j’ai fait une pause longue pause de trois ans, donc c’est l’album qui va répondre à cette question. C’est ce qui va me dire si j’arrive à séduire une nouvelle génération d’auditeurs, parce qu’en vrai il y a plein de petits qui écoutent du rap et qui connaissent pas Aladin. Il y a tout un public à reconquérir et c’est ça qui est intéressant dans le challenge aussi !

Est-ce que tu as connu des périodes de doutes ou des moments où tu avais peut-être envie d’arrêter pendant ces trois années de recul ? 

Déjà je suis arrivé dans le rap avec une reconnaissance qui est un peu arrivée malgré nous comme je te disais, donc j’avais peut-être besoin aussi de prendre du recul ouais. J’avais besoin de prendre du recul sur mon personnage, sur mon univers, sur ma vie aussi, j’avais besoin de grandir en tant que personne. Du coup cette pause a été bénéfique et voulue. Elle m’a servie à mieux savoir ce que je voulais faire et proposer au public. Quand t’es jeune tu as tendance à être électique, à vouloir proposer beaucoup de choses différentes, tu sais pas encore forcément t’identifier. Justement ces trois ans m’ont permis de me recentrer sur mon personnage Aladin en faisant abstraction de mon côté auditeur et de ce que je peux aimer écouter. 

crédit photo : Mister Fifou

Aujourd’hui, comment tu définirai ton personnage ? 

Franchement sombre, absent. Il y a ce délire de fantôme parce que ça fait longtemps que je suis dans le truc, et même si je suis affilié à des rappeurs qui sont grave connus et grave dans les médias, je reste quelqu’un qui aime bien faire la séparation avec ma vie privée, mon cocon tout ça. J’aime bien maîtriser ce que je donne au public, et j’aime bien ne pas trop en donner. Je trouve qu’il y a un charme en plus : quand on était plus jeunes, qu’on regardait des chanteurs, des sportifs etc, il n’y avait pas cette proximité qu’on a avec les réseaux sociaux. Il y avait un autre mystère, un autre mythe, du coup c’est la ligne de conduite que j’ai décidé de suivre. 

Rester indépendant, c’est primordial pour toi ? 

Primordial, je sais pas. Aujourd’hui c’est le mode de fonctionnement qui me convient le mieux, en terme d’artistique, de business, d’avoir les yeux sur ce que je fais, contrôler mes budgets et mes dépenses c’est quelque chose que j’aime faire. Après c’est pas forcément quelque chose qui va rester comme ça. Le fait d’être indé, ça me donne des petits avantages, mais ça m’enlève des choses par rapport à certains aussi. Moi je suis à plus de 70% dans mon deal, il y a des artistes qui sont à 10%, ils sont markettés, ils sont plus soutenus, ils ont de meilleures opportunités parce qu’ils sont plus boostés. A partir du moment où tu lâches du lest un peu sur ton business, t’es boosté. Moi c’est ce que je fais pas et c’est peut-être ce que je devrais faire pour passer un cap : l’avenir nous le dira !

On retrouve une nouvelle fois PLK sur ce projet, ton ami et ton ex-collaborateur avec le Panama Bende. On retrouve également tout l’équipage dans le clip. C’est important pour toi de ne pas renier les bases et de rester proche de tes compères ? 

De ouf ! Parce que moi à la base quand j’ai 12-13 piges, je suis pas un mec qui aime de ouf le rap hein ! J’avais quelques classiques, quelques sons que j’écoute de ouf, je rentre vraiment dedans quand je commence avec mes potes, qu’on forme le panama bande. Pour moi c’est naturel, ça fait partie de mon histoire. Je fais un retour donc il fallait que je rappelle aussi que les choses bougent pas, je sais que ça allait faire plaisir au public aussi, donc franchement ça m’a fait vachement plaisir. Ca devait faire au moins 3-4 ans qu’on ne nous avait pas revus tous ensemble sur une photo ou sur une vidéo, donc je me disais que c’était la bonne occasion. C’est un super souvenir et au moins les gens qui nous suivaient voient que l’état d’esprit change pas.

N’es-tu pas un peu nostalgique de cette période avec le Panama Bende ?

Il y a toujours une petite nostalgie… Même si demain je fais disque de diamant et que je remplis des stades, je serai toujours nostalgique de ces moments-là. Dans le sens où c’est nos premiers pas, nos délires, nos souvenirs. A vie ça restera !

Vous pourriez revenir avec de nouvelles sorties ?

C’est possible hein ! J’en parlais avec un ami à moi hier, après ça dépend de la volonté de chacun. Mais moi en tout cas de mon côté c’est possible. 

J’ai lu que tu as travaillé avec Guilty sur ce projet, comment vous vous êtes rencontrés ? Pourquoi avoir fait appel à ce grand producteur du rap français et quel a été son rôle ? 

Il a eu un rôle beaucoup de conseil, d’accompagnement dans les idées, dans la canalisation de mes forces, gérer mes envies, apprendre à me connaître… Au delà de l’album, je pense qu’il a vraiment participé à toute la reconstruction de mon personnage. Parce qu’avant même de poser des sons, je suis descendu à Toulouse, on a passé du temps ensemble. Un moment je suis même descendu 4 jours et j’ai même pas posé un couplet, on était vraiment dans la réflexion.

Guilty a donc composé les prods ? Est-ce le seul compositeur du projet ?

Il a composé la première prod et il a arrangé et réalisé 90% des sons. Beaucoup de prods sont aussi issues de jeunes compositeurs du Katrina Squad.

crédit photo : Mister Fifou

Tu peux m’expliquer l’idée derrière cette cover réalisée par Mister Fifou ? 

En fait on a eu énormément idées ensemble avant d’arriver à ce résultat. On s’est arrêté sur ça parce que c’était ce qui correspondait le plus à ce que moi je voulais retranscrire, par rapport au fait que je voulais montrer un peu le côté absent face aux choses qui peuvent le plus nous tenter, face aux choses essentielles pour un homme et pour un humain. Je voulais montrer que parfois on a tout ce que les gens pensent nécessaires autour de nous, mais que parfois on reste absent et indifférent par rapport à tout ça. Il y a le côté un peu provocateur aussi, on a plus recherché à interpeller qu’à choquer. Puis il y a vraiment cette notion du beau dans cette cover, il y a vraiment ce côté artistique. J’ai eu quelques commentaires négatifs, mais c’est plus des jeunes qui doivent apprendre qu’une femme nue ça renvoie pas forcément à quelque chose de sexuel. 

Cet album, c’est un peu un journal intime où tu évoques tous tes tourments je trouve. Tu avais beaucoup de choses sur le coeur ? 

Ca me tient toujours à coeur. Je suis pas un mec qui parle trop, qui fait trop d’interviews… Du coup j’aime bien m’exprimer à travers ma musique, où les gens vont sentir que c’est ma vraie vie. J’ai toujours été comme ça dans la musique, j’ai pas vraiment de tubes dans la musique, j’ai toujours ce côté très introspectif.

Sur cet album, on retrouve aussi le prometteur Roms… Je trouve que vos deux voies se lient parfaitement sur ce titre. C’est un artiste que tu produis ?

Yes je le manage, je m’occupe de lui, j’ai produit son premier disque. Après le travail de production ça devenait beaucoup de travail, donc je lui ai conseillé de se rapprocher d’autres personnes pour qu’il soit bien entouré. Mais je suis toujours dans son management, je garde un oeil sur ce qu’il fait, c’est un artiste qui me tient à coeur. C’est une relation fraternelle que j’ai avec mon frérot, j’essaie de le pousser, de lui débloquer des étapes, et à moi ça me permet aussi d’apprendre ce métier de manager et de producteur. Donc c’est bénéfique pour nous deux. Je l’ai invité dans l’album parce que ça coule de source, parce que j’aime énormément ce qu’il fait : je pense que c’est un artiste qui pourra potentiellement faire beaucoup de bruits dans les années à venir.

Tu y évoques aussi la solitude en tant qu’artiste sur ce titre, tu peux m’en dire un peu plus ? Comment tu expliques ce sentiment de solitude lorsqu’on atteint la notoriété ? 

On a notre jeunesse, on va en cours, jusqu’à un moment où tu rentres dans la vraie vie et si tu fais pas d’études, t’as pas de boulot, socialement tu vas être assez limité. Tu te retrouves avec des gens que tu connais depuis longtemps, t’as en plus ta position d’artiste où tu t’ouvres pas trop aux gens. Donc tu rentres dans un truc où t’es un peu seul avec ta passion, même si les gens idéalisent parfois la vie d’un rappeur : tu peux avoir de l’argent, tout ce que tu veux, il y a des moments où tu t’ennuies comme tout le monde, tu te poses des questions, c’est normal. Cette solitude ouais je pense elle touche tous les artistes, parce qu’il y a certains sujets où tu peux même pas te confier à qui que ce soit parce qu’ils vont pas forcément comprendre de quoi tu leur parle, ou par question d’intérêt tu peux pas. Le rap c’est une aventure où t’es un peu seul : tout le monde veut que tu réussisses, mais en même temps personne le veut vraiment. Parfois il y a beaucoup de responsabilités et beaucoup de sujets sur lesquels tu te retrouves un peu seul à réfléchir, après moi c’est quelque chose que j’aime bien aussi… Ca dépend, mais je voulais l’exprimer en musique.

Pareil, comment s’est faite la connexion avec Laylow ? Il a fait l’unanimité avec son album Trinity cette année, donc le choix de ce featuring est plutôt ambitieux !

Ouais, après c’est l’histoire qui fait bien les choses ! Parce qu’avec Laylow on avait déjà posé sur un précédent projet ensemble quand il y avait très peu de personnes sur Paname ou en France qui le connaissaient. J’ai toujours adoré son délire artistique, pour Indigo j’avais aussi contacté TBMA pour faire le clip de Reflet. Et comme c’est un de leurs frérots, il fait partie de leur équipe, ça a été naturel qu’il vienne sur le tournage. Avec le temps c’est devenu quelqu’un avec qui j’entretiens de super rapports au-delà de la musique. Et comme je te disais, l’histoire fait bien les choses parce qu’avant ça aurait pu être moi qui lui aurait donné de « la force », aujourd’hui c’est lui qui peut m’en apporter. Il va peut-être avec ce titre me permettre de donner un peu de visibilité à mon album. Donc voilà, lui il est super content d’être sur le titre, il l’aime beaucoup, du coup c’est que du plaisir. Tous les mecs que tu vas voir sur mon album toute façon c’est que des potes, quand on fait un son il n’y a pas de pression. Même si on sait qu’on va rien poser et qu’on va faire des trucs nuls, on passe des bons moments et moi je préfère. 

Où as-tu clippé le clip de Moment ?

J’ai tourné à Meknès et à Marrakech. A la base mon père est marocain, ça fait partie de ma vie et de mon histoire. Je suis allé à Marrakech et dans le quartier d’enfance de mon père à Meknès pour quelques scènes. Je trouvais que c’était lourd, au final c’est le genre de truc, que le son fasse 50 vues ou un million j’en serai toujours fier. 

As-tu des objectifs avec premier album ?

J’ai pas d’objectif précis, ce serait dans un premier temps de satisfaire ceux qui attendaient quelque chose. Qu’ils soient contents, peu importe combien ils sont. Et deuxièmement, pouvoir montrer à certaines personnes qui peut-être n’aimaient pas avant mais qui aujourd’hui pourraient apprécier. Je suis plus à la recherche de choses comme ça, c’est le destin qui va décider du reste.

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